L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
LE PALAIS DE LA COCHINCHINE
Si habitué que l’on soit aux étonnements que
noys réserve l’extrême Orient, on ne peut ré-
primer un mouvement de surprise lorsqu’on se
trouve en face des productions industrielles ou
artistiques de ces fantastiques pays. C’est cette
impression que l’on éprouve lorsque, après
avoir parcouru l’Exposition de l’Annam-Tonkin,
on en vient à examiner celle de la Cochin-
chine.
Le palais de la Cochincbine s’élève à droite
du palais central des Colonies; il occupe une
superficie de 1,300 mètres environ, mesurant
41 mètres en façade sur 30 en profondeur. L’ar-
chitecte, M. Foulhoux, a voulu nous montrer,
dans toute sa pureté et ses gracieuses concep-
tions, cet art composite qui allie aux fantaisies
de Fart chinois comme un reflet de l’idéal plus
sobre et plus majestueux de l’antique civilisa-
tion khmer, et il a pleinement réussi. Le palais
de la Cochincbine restera l’expression la plus
exacte qu’il soit possible de voir non seulement
sur les bords de la Seine, mais dans Flndo-
Chine même, de l’architecture annamite.
Le palais affecte la forme d’un parallélo-
gramme dont le centre est occupé par une cour,
complément nécessaire de toute habitation
indo-chinoise, correspondant à l'atrium des
maisons romaines, au patio des habitations es-
pagnoles. Au milieu de cette cour un bassin,
dont les jets d’eau répandent la fraîcheur dans
l’espace; tout autour, des vases de porcelaine
de Cochincbine garnis de plantes indigènes,
alternant avec de fantastiques dragons de faïence
émaillée.
Le bois joue un grand rôle dans les construc-
tions cochinchinoises; les Annamites sont pas-
sés maîtres dans l’art de le sculpter et de l’em-
ployer en charpentes. La porte d’entrée du
palais est une merveille du genre : elle est
constituée par quatre colonnes de bois de dom
finement sculptées, qui supportent une toiture
aux arêtes dentelées de faïences émaillées. A
droite et à gauche, une rangée de portiques en
gradins conduisent le visiteur dans les ailes
latérales. Mais on peut, traversant la cour,
accéder au palais par la porte du milieu, qui
s’ouvre sur la grande salle, surélevée par un
perron de cinq marches que gardent deux bi-
zarres lions de faïence.
Il serait trop long d’insister sur toutes les
beautés de détail, qui frappent les yeux les plus
inexpérimentés ; mais nous ne pouvons passer
sous silence la crête sur faïence qui couronne la
partie centrale du palais. Haute de 3 mètres,
longue de 20, cette crête est remarquable par
la diversité du dessin et des couleurs, par l’heu-
reuse conception et l’harmonie des détails, non
moins que par son mérite industriel.
En pénétrant dans le palais par la porte du
milieu, qui donne accès dans la salle principale,
nous trouvons en face de nous un autel sur-
monté d’une petite statue de Bouddha; des ten-
tures de soie et d’or décorent ce petit temple,
dont les murs sont garnis d’armes, de défenses
d'éléphants et autres objets du plus bizarre et
du plus riche effet. De tous côtés ce ne sont que
parasols, dais, lanternes; plus loin, des meubles
incrustés, d’une extrême magnificence, lits,
armoires, labiés, etc.; ici des tortues ciirantes-
ques, aux écailles lustrées, de l’ambre, des
sièges en bambou ; là une pagode, et plus loin
un meuble absolument admirable, dont les
incrustations représentent la cathédrale de
Saigon, en plan et en élévation. Cette merveille
appartient au vice-amiral Duperré.
L’aile gauche du palais est consacrée égale-
ment aux expositions artistiques. Les lits et
autres meubles incrustés ou sculptés y sont en
plus grand nombre encore ; mais d’autres objets
attirent notre attention. Tel est le gracieux
groupe Femme annamite et son enfant revenant
du marché; cette charmante sculpture est de
M. Jau, artiste saïgonnais, etfaitgrand honneur
à son auteur. Sur un lit est étalé un splendide
tapis de plumes de paon ; ailleurs, les travaux
scolaires, tout à fait remarquables, des filles et
garçons indigènes.
Dans cette même salle la Compagnie des
Messageries fluviales de Cochincbine nous montre
les échantillons de navires et une collection de
barques de toutes les formes, et M. Petiton une
collection géologique du plus grand intérêt.
La salle de droite a reçûtes expositions indus-
trielles ; c’est la plus intéressante au point de
vue commercial.
Les produits exposés sont moins nombreux
et moins variés que ceux que nous avons vus
au Tonkin. Nous ne verrons pas ici les soies de
cocons français importés à Hanoï par M. Arnal,
ni les eaux-de-vie et rhums de canne à sucre
fabriqués par la maison Denoc et Cil!. La Cochin-
chine ne possède pas cette variété de sol et de
climat qui fait la richesse du Tonkin ; néan-
moins elleexpose des produits delaplus grande
valeur.
L’industrie du riz, la plus importante, est re-
présentée par les envois de la Compagnie fran-
çaise de Saigon, de la rizerie saïgonnaise Denis
frères et Cie et de la rizerie à vapeur de Cholon.
Ces trois maisons, qui concentrent entre leurs
mains la plus grande partie du commerce du
riz, lui ont donné un puissant essor en aidant
les cultivateurs et en améliorant les procédés
de culture et de décorticage. Les alcools de riz
complètent cette exhibition tout industrielle.
Le commerce des bois est encore dans l’en-
fance, à cause des difficultés de transport;
cependant, à voir les échantillons envoyés par
le Jardin botanique de Saïgon, on ne peut nier
qu’il n’y ait là une source considérable de ri-
chesses à exploiter.
Avant de quitter le palais de la Cochincbine,
nous présentons nos remerciements à son archi-
tecte, M. Foulhoux, qui, avec la plus grande
amabilité, a bien voulu nous servir de cicerone
dans notre longue visite.
M. Foulhoux n’est pas un inconnu dans le
monde parisien. Pendant plusieurs années, de
1862 à 1870, comme élève de l’École des beaux-
arts, puis comme inspecteur d’architecture au
Chemin de fer de Lyon, il a su se créer des
sympathies que son éloignement n’a pas effa-
cées. En -1873, il fut désigné, sur sa demande,
pour servir en Cochincbine en qualité de chef
du service des bâtiments civils.
LES FÊTES DE L’EXPOSITION1
Sitr les statues des villes de France, autour de
la place, une trentaine d’individus sont groupés
et se maintiennent par des prodiges d’équilibre.
Sur les impériales des omnibus arrêtés, tous les
voyageurs sont debout
Le défilé dure une heure, montre en main, et
à la fin les manifestations sont aussi chaleu-
reuses qu’au départ. La plupart des magistrats
■1. Voir les n" 69 à 74.
municipaux se découvrent et agitent leurs cha-
peaux en signe de gratitude et répondent aux
cris de : « Vivent les maires ! vivent les dépar-
tements! » par les cris : « Vive Paris! vive la
République! » La plupart paraissent vivement
émus par le panorama de la place de la Con-
corde et des Champs-Elysées, bien fait, d’ail-
leurs, pour frapper l’imagination de tous ceux
qui ignorent Paris : un vaste forum, avec des
fontaines monumentales, des galeries et des por-
tiques, des statues, un colossal obélisque et
une magnifique avenue aboutissant à l’Arc de
Triomphe; dans le lointain, la Tour Eiffel et
le Palais de l’industrie, dominé par le ballon
Godard.
A six heures et demie, les premiers maires
arrivaient devant le Palais de l’industrie, où
xMM. Gliautemps et Alphand les attendaient. A
sept heures, les quinze mille convives étaient
à leur place, grâce aux nombreux commis-
saires chargés de les piloter. Il y avait des
tables non seulement, dans toute la nef, mais
encore dans les bas côtés et au premier étage,
transformés en luxueux salons et ornés do
splendides tapisseries.
Sur les murs de la nef centrale, on admirait
des trophées avec drapeaux tricolores, ten-
tures, draperies frangées d’or, des globes lumi-
neux, des candélabres électriques, desguirlandes
de laurier vert et or. Au fond et à droite, con-
duisant aux tribunes, deux larges escaliers
entourés de grands arbustes et de plantes exo-
tiques.
La nef centrale était divisée en deux parties :
à droite de la table d’honneur, les tables réser-
vées aux déparlements de la lettre A à la
lettre D; à gauche, de la lettre E à la lettre M ;
au milieu, les maires et adjoints de Paris et des
colonies, et la presse.
La table d’honneur, vis-à-vis de celle des
maires de Paris, était élevée de 5 mètres au-
dessus du sol et mesurait 15 mètres de lon-
gueur. Au bas, des massifs d’arbustes, de plantes
et de fleurs; des dahlias, des amarantes, des
chrysanthèmes, des géraniums, etc.
Une riche tenture rouge, frangée d’or, relevée
pat-des embrasses à glands d’or, recouvre toute
la longueur de la table. Deux escaliers riche-
ment tapissés conduisent aux places officielles.
(A suivre.) V.-F. M.
Lfi SCIENCE A L’EXPOSITION
LA PHOTOGRAPHIE
L’Exposition de photographie est assez,
mal placée. Elle figure dans le Palais des
Arts libéraux, en compagnie d’œuvres du
plus haut intérêt, sans doute, mais elle
est juchée dans une galerie supérieure,
et, pour y parvenir, il faut franchir un
grand diable d’escalier, qui arrête bien
des 'visiteurs. Tandis que la foule s’en-
tasse au rez-de-chaussée, occupé par les
rotondes de l’Ilisloire du travail, peu d’a-
mateuis se décident à gravir les marches
conduisant à la galerie et, faute de savoir
ou est installée la classe 12, bien des per-
sonnes se retirent, sans avoir pu décou-
vrir la section de photographie.
Cela dit, cuirons en matière.