ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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288 L’EXPOSITION DE PARIS Ces notions établies, voyons ces échan- tillons de la gravure photographique par le gillotage et ceux de la gravure pho- tographique directe. Toutes les productions de la gravure photographique, soit qu’elles présentent une utilité commerciale, par le gillotage et la gravure photographique en relief, ou qu’elles répondent à des besoins pure- ment artistiques, par la gravure en creux, sont très largement représentées à l’Exposition actuelle. iM. Gillot fils, M. Michelet, M. Ch. Petit présentent de magnifiques spécimens de gillotages. M. Dujardin produit, on le sait, d’ado- rables œuvres par la gravure en creux ; M. Lumière, de Lyon, s’est également distingué par l’exécution de bonnes gra- vures photographiques. Ce serait une lâche trop délicate que de chercher à décerner la palme à Fuii ou à l’autre de ces divers artistes. Le jury de l’Exposition a déjà prononcé, dans la distribution qu'il a faite des ré- compenses, sur la valeur comparée de leurs œuvres. 11 nous dira, quand ses rapports seront rendus publics, quels pro- grès a faits récemment la gravure photo- graphique et l’avenir qui peut lui être réservé dans l’industrie et les arts. Ce qui nous a frappé seulement, et ce que nous voulons faire ressortir, en ter- minant, c’est le caractère éminemment artistique que présentent les gravures obtenues par la photographie. Il nous semble qu’à l’heure qu’il est la photo- graphie s’arrache aux sentiers battus du mercantilisme, et s’élève dans une région plus haute, qu’elle arrive, sans prétendre à remplacer la gravure, à conslituer (tou- tefois sur une échelle inférieure) une forme particulière de cette manifestation de l’art. Aujourd’hui, l’appareil photographique nous apparaît comme un moyen nouveau (lonl nous pouvons disposer; comme un procédé, jusqu’ici sans analogue, pour Iraduire matériellement l’impression que l’ail sur nous l’aspect delà nature. Autre- fois, l’artiste avait à sa disposition le pinceau, le crayon, le burin, la pierre lilhograpbique ; il a de plus, maintenant, l’objeclif de la chambre obscure. L’objec- tif est un instrument, comme le crayon on le pinceau; la photographie est un procédé, comme le dessin et la gravure; car ce qui fait l’artiste, c’est le sentiment, et non l’outil. Tout homme heureusement et convenablement doué peut obtenir les mêmes effets avec l’un quelconque de ces moyens de reproduction. Aux personnes que celle assimilation pourrait surprendre, nous ferons remar- quer qu’un photographe habile a tou- jours sa manière propre, tout aussi bien qu’un dessinateur ou un peintre; de telle sorte qu’avec un peu d’habitude on re- connaît toujours, au premier coup d’œil, l’œuvre de tel ou tel opérateur, et, bien plus, que le caractère propre à l’esprit artistique de chaque nation,se décèle avec une singulière et frappante évidence, dans les œuvres sorties des différents pays. Vous devineriez d’une lieue un paysage Tableau d’autel. Émail avec monture en bronze ciselé et doré. (Exposé par M. Barbedienne.) photographique dû à un artiste anglais, ;ï sa couleur fade, guindée et monotone, à la presque identité qu’il présente avec une vignette anglaise. Jamais un pho- tographe français ne pourra être con- fondu, sous ce rapport, avec un de ses confrères d’outre-Munche. Nous ajouterons que l’individualité de chaque photographe demeure toujours reconnaissable 4ans 8011 œuvre. Faites reproduire, par différents opérateurs, un même site naturel; demandez à différents artistes le portrait d’une même personne, et aucune de ces œuvres, reproduisant pourtant un modèle identique, ne ressem- blera à l’autre; »dans chacune d’elles, tout ceque vous reconnaîtrez, c’est la manière, ou plutôt le sentiment de celui qui l’a exécutée. Si donc l’objectif n’est qu’un instrument de plus dont nous disposons pour tra- duire l’aspect de la nature, si le photo- graphe conserve dans ses œuvres son individualité, sa manière propre, le sen- timent qui le distingue et l’anime, on est bien forcé de reconnaître que la photo- graphie fait véritablement partie du domaine des Beaux-Arts. Au lieu de n’y voir qu’un simple mécanisme à la porli'e du premier venu, il faut donc s’efforcer de la pousser plus avant encore dans lu direction artistique; il faut applaudir aux efforts de ceux qui travaillent dans cet esprit élevé, et souhaiter que leur exem- ple trouve beaucoup d’imilateurs. Nous avons signalé les plus intéres- santes nouveautés que l’on rencontre dans les salles de l’Exposition de photo- graphie, celles qui marquent les progrès récents de ses applications aux sciences et aux arts. Un très curieux musée ré- Irospeclif est annexé à cette même expo- sition. C’est une collection d’appareils qui remontent aux premiers temps et à l’origine de la photographie. Les per- sonnes qui ont le culte des souvenirs dans les sciences et dans les ails, ne verront pas sans intérêt celle évocation liislori- que des débuts et des progrès successifs delaphotograpliie. Les appareils et les spécimens des épreuves métalliques de Daguerre, les gravures photographiques sur papier de Niepce, de Talbot, de Bayard, sont réunis dans les premières vitrines. On voit, dans d’autres, les épreuves et les appareils de Niepce de Saint-Victor, l'inventeur du négatif sur verre albuminé. Plus loin, se trouvent les appareils de Poitevin, un des maîtres de cet art, l'inventeur du procédé à la gélatine chromatée, qui a servi de point de départ et sert encore de base à la gravure photographique. Celle collection, qui forme comme une histoire delaphotograpliie, est d’un inté- rêt sans égal. On ne peut se défendre d’un sentiment de surprise, quand on met en parallèle les premières ébauches de Daguerre et de Niepce, avec les produits merveilleux que, donne aujourd hui la photographie. Du daguerréotype, qui exi- geait un temps considérable de pose, et ne donnait qu’une image fugace et unique, aux appareils qui produisent une image permanente en un cinquantième de se- conde, quelle stupéfiante enjambée! Louis Figuier.