L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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sinistre qui jetait, il y a quelques semaines, le
deuil et la consternation dans toute là Belgique.
Paris s’est ému de compassion à la pensée de
toutes les infortunes qui allaient résulter de ce
désastre, et notre confrère le Figaro, dont la
généreuse initiative a toujours mené à bonne
fin les œuvres dont il a accepté le patronage, a
pris l’initiative de la superbe fete qui a réuni dans
les soirées de samedi et de dimanche, ainsi que
dans la journée de ce dernier jour, une foule
innombrable. L’afflußncß était telle, qu’à diffé-
rentes reprises on a dû. fermer les portes du
palais, pour s’opposer au flot toujours croissant
mais trop compact de tous ceux qui venaient
apporter leur obole à celte kermesse bienfai-
sante, dont les résultats heureux auront dépassé
les plus grandes espérances des intelligents
organisateurs. Nos lecteurs trouveront, dans les
jolis dessins de M. Adrien Marie et de M. Mou-
lignié, une sorte de résumé de l’attrayant pro-
gramme, dont la variété et la nouveauté ont
charmé tous les assistants. Dans toute l’étendue
du hall, une pittoresque décoration de MM. Rubé,
Chaperon et Jambon restituait la cité flamande
avec ses maisons bizarres, ses tavernes, ses
échoppes, occupées par des vendeuses gracieu-
sement costumées qui n’étaient autres que les
actrices les plus célèbres des grandes scènes
parisiennes.
Le pavillon du Figaro était l’un des plus gra-
cieusement ornés et des plus achalandés. Figaro,
lisez MUo Cerny, y a dû faire une excellente
recette.
Au-dessus du grand escalier s’élevait une
toile énorme, figurant le majestueux Hôtel de
Ville d’Anvers. De chaque côté se dressaient
les fameux géants d’Anvers, Druon Anligon et
madame son épouse, venus exprès des bords de
l’Escaut, à la suite d’un voyage assez pénible
dont le Figaro faisait ces jours derniers un
curieux récit; plus loin, on admirait le superbe
char allégorique de Rubens, orné par Lavastre,
et la statue colossale de Salvius Brabo.
Il fallait une circonstance aussi exception-
nelle, pour que les Anversois consentissent au
départ du légendaire paladin et de sa femme.
En effet, le fameux géant Druon-Antigon n’avait
quitté qu’une seule fois les bords de l’Escaut,
en 1856, pour figurer aux fêtes du vingt-cin-
quième anniversaire de l’avènement de Léo-
pold II, lors de la joyeuse entrée de Léopold II
à Anvers.
Le gigantesque fantoche que les Parisiens ont
fort admiré, est l’œuvre da peintre Peeter van
Aelst» qui le modela en 1335. Druon-Antigon
personnifie la légende qui explique l’origine du
nom flamand d’Anvers : Antwerpen.
Ce redoutable seigneur, maître du château
d’Anvers, rançonnait cruellement les naviga-
teurs de l’Escaut et punissait ceux qui lui
résistaient en leur coupant la main droite, qu'il
jetait dans le fleuve.
Le célèbre Salvius Brabo, vingt-quatrième
roi des Tongres, epoux de Silviane, sœur d’Oc-
tave et cousine de Jules César, mit un terme à
ce redoutable péage. Il provoqua le tyran, et,
nouveau David, il tua ce Goliath et lui coupa
la main par justes représailles.
Lejeune héros, à la suite de cet exploit, fut
créé duc de Brabant et souverain du marquisat
(I Anvers, cinquante et un ans avant Jésus-
Christ.
Sur la scène, faisant face au grand escalier,
et conservée telle qu’elle était pour les repré-
sentations de VOde triomphale, on entendait,
tour à tour, les excellentes musiques du 1er ré-
giment des guides de Bruxelles, de la garde
républicaine de Paris, et la Legia, l'admirable
société chorale de Liège, qui se compose de
cent quarante exécutants, auxquels le public a
fait fête.
Après le concert., le grand vélum azur s’est
lentement écarté pour nous laisser admirer des
tableaux vivants, merveilleusement combinés,
et reproduisant les œuvres capitales des peintres
flamands anciens et modernes.
Venait ensuite un étourdissant défilé de tous
les théâtres parisiens, se groupant autour de
l’apothéose de Paris et d’Anvers, fraternisant les
mains unies, aux applaudissements de la foule,
sous les ailes de la Charité.
Grâce au zèle prodigieux de ses organisateurs
qui ont opéré en quelques jours de véritables
miracles, grâce aussi à la superbe décoration
de ce vaste palais des Champs-Elysées si propice
à l’entassement des foules exceptionnelles et au
déploiement des spectacles grandioses, cette
fête restera l’une des mieux réussies parmi
celles dont le souvenir nous est resté, comme
aussi l’une des plus profitables aux infortunes
qui l’ont motivée.
LA CÉRAMIQUE’
On sait que, sous le nom de poterie, sont
compris tous les objets de vaisselle, d’ornemen-
tation ou de construction, fabriqués avec laterre
et qui sont solidifiés au moyen du feu. La po-
terie comprend donc tous les ustensiles en terre
cuite, depuis les plus grossiers jusqu’à ceux en
porcelaine fine. Ces objets ne diffèrent entre
eux que par les matières dont sont formées les
pâtes et par le plus ou moins de soins qu'on a
mis à les fabriquer. Le façonnage des pâtes se
fait par le tournage, le moulage ou le coulage.
Les objets terminés sont mis à sécher, puis on
pose la glaçure, enduit susceptible de se vitrifier
pour former vernis, et l’on procède à la cuisson,
qui se fait en une fois pour la poterie grossière,
en deux fois pour la porcelaine plus fine- dans
ce dernier cas, la glaçure ne se met qu’après la
première cuite. La cuisson se fait dans des
fours chauffés au bois ou à la houille. On
reconnaît que les poteries sont suffisamment
cuites lorsqu’elles présentent un certain degré
de sonorité.
Les grès cérames se distinguent de la poterie
par la dureté, la densité, la sonorité et l’imper-
méabilité de leur pâte ; il y en a de deux espèces :
les grès cérames communs, qui servent à faire
tous les objets de ménage ou pour l’industrie;
les grès cérames fins, qui sont de véritables
objets d’art façonnés avec délicatesse et ornés
de figures en relief. Les carreaux en grès mono-
chromes ou multicolores, employés pour le
dallage ou la décoration, sont des grès cérames,
comme la mosaïque.
Les terres cuites comprennent les objets de
plastique, statues, statuettes, ornements fendus
propres à la décoration par une cuisson conve-
nable.
Le nom de porcelaine est donné aux poteries
qui ont une pâte translucide acquise par une
cuisson à une température élevée, et c’est ce qui
les distingue des faïences, qui sont toujours
opaques, quelle que soit la finesse de leur
pâte, et des grès cérames, également opaques.
La lave émaillée ou ornée de décors ou de
peintures inaltérables a été employée en céra-
■1. Voir les n°s 77 et 78,
mique, particulièrement pour la décoration de
l’une des portes du Palais des Beaux-Arts, à
l’Exposition de 1878, par M. Gillet. Mais le prix
élevé de cette matière ainsi travaillée rendant
la lave peu accessible à l'industrie, M. Gillet a
reconstitué la lave en la pulvérisant et en la
mélangeant avec des liants afin de pouvoir s’en
servir comme terre plastique. Il a réussi à
produire une lave reconstituée qui, par sa
résistance aux acides, peut être employée pour
la fabrication des pièces destinées aux labora-
toires, à l’électricité et aux dccoralions archi-
tecturales.
Dans l’Exposition Universelle et Interna-
tionale de -1889, la céramique est représentée
par les produits suivants :
Porcelaine dure, porcelaine tendre, porcela ine
nouvelle, biscuits;
Faïences fines à couvertes coloriées, faïences
usuelles, biscuit de faïence; Terres cuites, lave
émaillée, briques et carreaux grès cérames;
Mosaïques et émaux.
Ces produits constituent l’une des branches
les plus importantes de l’industrie, et leur
fabrication a donné lieu à l’établissement
d’usines considérables, tant au point de vue de
l’outillage et du personnel employé, qu’à celui
de la qualité et de la quantité des objets fabri-
qués.
Chez les nations étrangères, les produits céra-
miques sont rangés dans leurs sections respec-
tives; pour la France, ils sont réunis dans la
classe 20 du groupe III de la classification
générale.
Si nous pénétrons dans la galerie' centralé
des sections industrielles, nous trouvons, à
gauche, dans une salle réservée, l’exposition
de la manufacture nationale de Sèvres, qu’une
décision du ministère des Beaux-Arts a classée
dans le groupe I des Beaux-Arts proprement'
dits, malgré son caractère absolument céra-
mique. Dans cette exposition, nous remarquons
des pièces de porcelaine de pâte tendre et de
porcelaine dure, peintes et décorées par les
procédés habituels, d’une façon toute merveil-
leuse tant au point de vue de la pureté des
lignes dans la forme des pièces, que dans la
décoration et la peinture qui résument toute la
science de l’art décoratif industriel.
C’est par l’adjonction de figures modelées,
panses sculptées, de motifs décoratifs en gra-
vure ou en relief que se font remarquer les
produits exposés, coupes, vases, jardinières,
boîtes à . bijoux, cassolettes, figurines, por-
traits.'.
Gommer toujours, les vases de grandes,
dimensions, l’une des traditions de rétablisse-
ment, décorent l’extérieur et l’intérieur de la
salle réservée à. la manufacture. C’est une pro-
duction artistique qui fait honneur à notre
céramique nationale. Nous citerons particu-
lièrement le Paon de M. Caïn, pièce monumen-’
taie qui décore l’un des côtés do la salle.
Une vitrine spéciale est réservée à la porce-
laine nouvelle de M. Lauth, dont nous avons
donné déjà les caractères principaux; elle;
forme la partie intéressante de cette exposition. :
Adroite et à gauche delà galerie centrale, lest
piliers sont ornés de deux grandes fresques:
céramiques dont l’une, celle ;de - gauche, en
faïence de Longwy, présente (leux figures allé-!
goriques, le Houblon et le Tabac, dessinées par >
Clairin, et dont l’autre, celle de droite, un Bert'-
nard Palissy peint par Bernard et Leroux, de ?
la faïencerie de Léon FargUe. J
Ce qui frappe dès l’entrée de la galerie, c’est
une porte isolée, en mosaïque, d’un assez