ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 459 Forrige Næste
.32 L’EXPOSITION DE PARIS grand dommage. Le Japon perdrait trop à se moderniser entièrement et quand un peuple a reçu, comme celui-ci, des dons incomparables, des traditions artistiques, originales et puissan- tes, il se diminuerait en les répudiant, il pous- serait jusqu’au suicide la passion ou la manie du progrès. C. de Varignï. L’EXPOSITION A HUIT HEURES DU MATIN De six. heures à huit heures du matin, FEx- position appartient aux balayeurs, qui font la toilette des galeries et des jardins; il y a là tout un régiment de gens armés de pelles et de balais qui ramassent les ordures de la veille, et surtout les papiers qu’ont laissés les dîneurs en plein air; puis les tombereaux passent, comme dans les rues de Paris, et enlèvent tout ce qui a été amassé. Dans le parc, les jardiniers ratis- sent les allées, peignent les gazons et arrosent les plantes et les fleurs. Puis arrivent les fournisseurs, les uns à pied, les autres en voiture; c’est une longue file de charrettes et de tapissières; voici les bouchers dans leurs voilures à deux roues, les boulan- gers traînant leurs voitures à bras, les brasseurs juchés sur leurs camions, puis les fruitiers, les pâtissiers, les marchands de volaille, en somme tous ceux qui viennent alimenter le ventre de l’Exposition. On voit entrer des montagnes de victuailles, et le soir tout a été englouti. Nous espérons pouvoir donner prochainement à nos lecteurs do curieuses statistiques sur ce que l’on consomme à l’Exposition; ilyades chiffres absolument renversants et qui dépassent tout ce que l’on peut supposer. Et ce n’est pas une mince affaire que d’orga- niser ce service, l’entrée et la sortie de ces véhicules, de ces facteurs et de ces porteurs innombrables. Il a fallu régler les heures d’en- trée, déterminer les portes accessibles, préciser les voies qui devaient être suivies, et se montrer sévère dans l’application de ces prescriptions. A l’Esplanade des Invalides, le spectacle est particulièrement pittoresque. Comme il y avait théâtres, musiques et danses un peu partout jusqu’à onze heures, et comme, après le départ du public, il y a eu les longues causeries sur les impressions do la journée, tous les indigènes se réveillent tard ; ce n’est guère qu’à sept Le Jardin japonais du Trocadéro. heures que commence la vie dans les villages. Dans lasection algérienne surtout, et en Tunisie, nos Arabes ne sont pas matineux; le souk est à peine ouvert à huit heures; on y voit encore des boutiquiers enroulés dans leurs couvertures de poil de chameau; d’autres s’étirent à moitié endormis et s’en vont, tout indolents, faire leurs ablutions sous les quinconces. Le cafedjé allume son fourneau, et déjà l’on prend le café avant d’aller installer l'étalage dans le bazar. Sous les arbres, on commence le pansage des chevaux, et l’on chantre le four pour cuire le pain et le couscous. Puis c’est l’heure d’aller au marché; quel- ques uns ont l’autorisation de sortir seuls, d’au- tres ne s’en vont qu’accompagnés d’un gardien. Les Javanaises, — non pas les petites dan- seuses qui sont à leur toilette et s’enduisent le corps de safi an, — mais celles qui sont prépo- sées à la cuisine des habitants du Kampong, sortent cinq ou six, guidées par un Européen ; puis suivent les Annamites et les nègres du Sénégal et du Congo. Tout ce monde-là sc répand, paniers et sacs à la main, dans le quar- tier du Gros-Caillou ; cette clientèle pittoresque est la joie du quartier; dans la rue Saint-Domi- nique, tous les fournisseurs parlent petit nègre avec ces curieux acheteurs; on les taquine un peu chez l’épicier et le fruitier; mais ce sont de bons enfants qui se laissent faire ; ils sc sont du reste rapidement faits à nos coutumes, et nous en avons vu plusieurs savoir parfaitement marchander. Un peu après huit heures arrivent les pho- tographes et les peintres, qui tiennent à pro- fiter des quelques heures de calme relatif de la matinée. Alors ce sont des va-et-vient d’appa- reils que l'on installe souvent sur des échafau- dages ; on prend les palais et les pavillons sur toutes leurs faces; on fait grouper les indigènes, on fait poser les danseuses dans leurs plus belles toilettes.' Nous avons souvent rencontré Roger Jour- dain, Duez, Jean Béraud. M. Jeanniot a fait de longues séances au village Tonkinois ; il a pris tous ces types si étranges installés dans louis boutiques de bambou : le vieux marchand de tabac, à l’œil si fin derrière ses larges lunettes : le sculpteur sur ivoire, qui travaille depuis plusieurs mois une défense d’éléphant; le cise- leur, le brodeur, puis les tisserands, le forgeron, le fabricant de lanternes H le marchand de para-, sols; et la boutique de l’armurier, et la maison du médecin, et, derrière le bazar, la cuisine du village : les cuisiniers sont là, accroupis, pré-, parant le riz, les légumes et le poisson, dans de grandes bassines en fer-blanc placées sur le feu qui flambe par terre. A onze heures, chaque habitant reçoit sa portion dans une écuelle; il quitte aussitôt son métier et s’installe sur les nattes, pour manger tranquillement avec ses baguettes d’ivoire. Que de coins intéressants dans celte Exposition des colonies ! et c’est maintenant qu’il faut les voir, car dans quel- ques semaines à peine, nous aurons la mau- vaise saison et les pluies, puis la clôture défini- tive ; et que seront l’Algérie, le Sénégal, l’Orient et l’extrême Orient sans notre soleil, déjà si pâle pour ces pays !