L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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choix des maroquins, la combinaison des
plats, la richesse parachevée des dou-
blures, la qualité merveilleuse des do-
rures et la sertissure des mosaïques, on
ne peut, sans esprit de parti, lui refu-
ser la perfection de l’exécution et la dis-
tinction du goût. M. Cuzin a exposé une
dizaine de volumes hors ligne comme
grâce et comme art de fin habillement
bibliopégique.
Parmi ceux-ci, je puis signaler la
Pucelle, édition Cazin, reliure en maro-
quin rouge tomate, avec dorure à com-
partiments Louis XVI. La doublure de
maroquin bleu, à trois tons, forme une
exquise mosaïque en camaïeu, faite do
guirlandes de roses et de petites fleurettes
du style de l’époque, dont les fors ont été
gravés exprès, et dont tous les filets,
fleurs et feuilles ont été poussés un à un
et de plusieurs faces, ce qui donne un
extraordinaire éclat à cette foisonnante
dorure.
Une autre série d’ouvrages remarqua-
blement vêtus par M. Cuzin, ce sont les
Œuvres de François Coppèe, édition
grand in-4°, Lemerre, 1883. Qu’on se
représente un plein maroquin bleu de
roi, avec dos et plats à compartiments de
filets, la doublure do maroquin pourpre
décorée d'une des plus extraordinaires
dentelles xixesiècle qui aient été exécutées
jusqu’ici.
C’est vraiment une des meilleures
reliures de M. Cuzin, dont je dois
encore citer des œuvres de très haut goût
combinées sur les Lettres persanes,
Jouaust, 1885, sur le Dernier Abbé, sans
date, sur la Sylvie, (le Gérard de Nerval,
publié par Conquet, sur Monsieur, Ma-
dame et Bébé, 1878, et enfin sur Y Ori-
gine des grâces, 1777. La plupart de ces
éditions si somptueusement vêtues appar-
tiennent àM. Henry Béraldi, l’un dos Mar-
quis de Carabas de l’iconophilie et de la
bibliofolie moderne, un des amateurs
soucieux de faire du neuf et aussi le plus
malicieux des iconographes, dont on
connaît le curieux ouvrage en cours : Les
Graveurs du XIXe siècle, un Diction-
naire considérable et qui rendra do grands
services à l’avenir à tous les iconomancs,
friands des œuvres gravées de ce temps.
Quels que soient les éloges que nous
décernions à M. Cuzin, nous ne préten-
dons point qu’il soit l’iin de ceux qui se
sont le plus avancés dans le sillon de la
reliure moderne ; il y chemine, mais très
lentement cl non pas à l’avant-garde :
aussi est-il à désirer qu’étant donnée son
extrême habileté d’exécution, il s’affran-
chisse des copies rétrospectives pour se
consacrer entièrement à des créations
entièrement nouvelles et dignes de son
talent.
C5
h—
L’EXPOSITION DE PARIS
Octave Uzanne.
BEAUX-ARTS
Je sais bien que sa situation l’oblige à
beaucoup de prudence, que les livres
qu’on lui confie sont anciens et trop pré-
cieux pour qu’on puisse risquer impuné-
ment de donner pour eux un faux coup
de barre ; mais M. Cuzin pourrait pren-
dre sur lui de résumer les conceptions
qu’il peut avoir et de mettre en pratique
ses théories d’art indépendant sur plus
d’un ouvrage de ce temps. — Je souhaite
que par la suite il s’y consacre.
(A suivre.)
LES ÉCOLES ÉTRANGÈRES
L’ANGLETERRE •
Les Anglais ont un grand paysagiste, M. B.
W. Leader, membre associé de l’Académie
royale. Ce nom est nouveau pour Paris. Il ne
nous était connu que par les gravures que
M. Chauvel a exposées au Salon ; mais comme
Chauvel est un magicien qui ajoute sa poésie
personnelle à celle des maîtres qu’il interprète,
on pouvait conserver quelque défiance. Ces
doutes s’évanouissent aujourd’hui. M. Leader
mérite sa réputation. Son grand paysage est
très émouvant. A droite, un marécage à moitié
inondé ; à gauche, sur un terrain surplombant
que défend une muraille basse, un cimetière
rustique où se morfondent, à l’abri d’un grand
arbre, quelques tombes abandonnées : au ciel,
les rayons sinistres d’un coucher de soleil ora-
geux, laissant filtrer à travers les nuages des
clartés pâles et maladives. Le titre du tableau
a une signification : Sur le soir, il y aura de la
lumière (In the evening there shall he light),
parole consolante qui semble promettre aux
morts endormis dans le sépulcre les éblouisse-
ments d’une prochaine aurore. Ce paysage est
d’une impression dramatique : tous les éléments
sont empruntés à la nature scrupuleusement
étudiée; mais tout est renouvelé et agrandi par
un puissant lyrisme. Ces terrains mouillés, ce
cimetière envahi par l’herbe et par l’oubli, ce
ciel zébré de lueurs patibulaires, viennent bien
du pays de Shakespeare. Ce paysage fait avec
de la poésie, c’est celui que la France a aimé
jadis et qu’elle ne connaît plus.
L’Exposition anglaise se complète par un
choix d’aquarelles, pour la plupart très bril-
lantes. On retrouve dans la salle spéciale qu’elles
occupent quelques-uns des peintres dont nous
avons signalé les tableaux : M. Alma Tadema,
par exemple, habile à s’exprimer dans tous les
langages. Le logis de l’artiste est, d’ailleurs, un
atelier où tout Je monde travaille. Voici miss
Alma Tadema, qui peint à l’aquarelle des vues
architecturales, telles que la Chapelle d’Eton, où
le pinceau a beaucoup de fermeté, la couleur
beaucoup d’accent. M. Fulleylove, qui nous
donne une vue d’Oxford, où l’on voit des étu-
diants en bonnet carré, appuyés sur le parapet
d’un pont, est aussi un très bon peintre de mo-
numents. Sir James Linton, qui, nous l’avons
dit, est le président de l’institut royal des aqua-
rellistes, nous a surpris par l’aspect démodé de
1. Voir le n° 46,
ses travaux : l’auteur est un finisseur à outrance;
sa Marguerite est caressée et terminée comme
une miniature de pensionnaire. L’aquarelle doit
être plus libre et plus abandonnée. Du reste,
c’est ainsi que l’entendent les autres exposants.
Comprise de la sorte, la peinture à l’eau se
prête à tous les motifs; on en a la preuve dans
les scènes populaires de M. Walter Langley.
Parmi les manquants est tout un drame. C’est
l’histoire d’une jeune fille qui, venue au bureau
de poste pour s’informer du sort d’un fiancé
absent, n’y trouve pas les nouvelles attendues
et s’en retourne pleurante et la mort dans
l’âme. La composition est vraiment émouvante,
et le geste est étudié de façon à obtenir le
maximum d’expression. Les aquarellistes anglais
sont également bien inspirés dans le paysage.
Une Vue des environs de Dumfries, par M. James
Orrock, c’est une représentation panoramique
de vastes terrains verdoyants qui, sous un
grand ciel, s’étagent jusqu’au plus lointain
horizon. Par les qualités du dessin qui note
scrupuleusement les plans successifs, par l’in-
tensité de la couleur où les bruns se mêlent aux
verts, cette aquarelle rappelle les paysages du
hollandais Philippe de Koning, qui exprime
l’infini comme son maître Rembrandt. M. Tho-
mas Collier est de la même école. Lui aussi il
est paysagiste : la Nouvelle forêt, le Marais dans
lepays de Galles, sont des pages larges et colorées
qui font songer, dans une certaine mesure, aux
aquarelles du grand David Cox, qui est mort
en 1859 et que la Francene connaît pas. Toute-
fois, M. Collier a subi l’influence du temps actuel
et n’est pas d’un romantisme aussi exalté que
son glorieux prédécesseur.
Dans une salle voisine on a groupé les dessins
faits pour l’illustration des journaux et des
livres. C’est là qu’on trouvera, avec les carica-
tures violemment comiques et terriblement
anglaises que M. Charles Keene improvise pour
le Punch, les minuscules aquarelles que Kate
Greenaway, providence des petits, invente pour
ses almanachs annuels et sa bibliothèque enfan-
tine : Little Ann et Marygold Garden. Les repro-
ductions en couleur que nous voyons chez les
libraires sont très fidèles et donnent une exacte
idéedes originaux; mais cesoriginaux, il est bon
de les voir de ses propres yeux et d’en examiner
l’exécution. Kate Greenaway applique l’ancien
procédé de Faquarelle telle que l’entendaient
les initiateurs de la première heure. Comme le
faisait Adrien van Ostade, elle dessine un contour
significatif d’ailleurs et doucement ironique, et
elle enferme entre ces linéaments précis des
teintesplates proprement lavées. Pas de touches,
pas de reliefs. C’est la simplicité même, avec
la bonne humeur et le sourire bienveillant
d’une observatrice qui saisit sur le vif les atti-
tudes de l’enfance, ses gaucheries, ses terreurs
naïves et ses gaietés : tout ce petit monde joue
et se promène dans un paysage un peu flamand
et primitif. Du reste, Kate Greenaway est trop
connue pour qu’il soit nécessaire de redire
qu’il y a bien de l’esprit dans sa comédie ma-
ternelle.
L’Angleterre a aussi une belle exposition de
gravures. Ce sont, pour la plupart, des eaux-
fortes d’un caractère bien moderne. M. Macbeth
se souvient qu’il est peintre quand il transporté
sur les cuivres les tableaux de Frédérick Wal-
ker; M. Watson semble avouer, dans ses archi-
tectures pittoresques, qu’il a étudié les procé-
dés de notre Méryon ; mais toutes les eaux-fortes
des graveurs anglais pâlissent devant celles de
M. Seymour Haden. C’est vraiment lui qui est lé
maître. Il est essentiellement paysagiste, et il