L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
exprime à miracle la transparence des eaux dor-
mantes, le mouvement des ciels tumultueux,
]es belles découpures que les arbres dessinent
sur l’horizon. Artiste au travail libre, il invente
et renouvelle ses procédés pour traduire plus
fidèlement l’impression que lui donne la nature,
et les résultats qu’il obtient sont délicats ou
superbes. I l a des noirs veloutés qui valent ceux
de Rembrandt.
Après les créations d’un aussi puissant
artiste, les œuvres des sculpteurs anglais sont
de bien petite étoffe. Nos voisins ne sont pas des
statuaires. Dans la section de sculpture, nous ne
voyons rien à mentionner que les bronzes du
président de l’Académie, M. Leighton. Réveil et
Fausse alarme sont des figures dont le mouve-
ment, emprunté à la nature, est justement
observé, mais dont les formes ne sont pas
belles. La vie s:y exprime sans style. M. Ilamo
Thornycroft, qui est célèbre à Londres, est un
maître intéressant. Sa Méfiée, exposée en 1888
à l’Académie royale, est une enchanteresse
lourde et massive, et l’on ne sait à quelle .raille
il convientde la rattacher. Pourle Teucer (1881),
déjà vu à l’Exposition d’Anvers, c’est un bronze
qui reste curieux. Remontant )e cours du passé
jusqu’à l’archaïsme, M. Thornycroft semble
avoir voulu modeler une figure de style éginiti-
que. L’essai est imprévu et frappe les yeux par
une certaine singularité. On ne saurait contester
aux Anglais une parfaite connaissance des textes
anciens.
Nous demandons pardon au lecteur de l’avoir
retenu si longtemps dans la section de la
Grande-Bretagne. Mais l’occasion était si bonne
pour apprendre quelque chose, et nous connais-
sons si mal l'École anglaise contemporaine! Il
y a dans cette École des artistes éminents, dont
les journaux français ne prononcent jamais les
noms et que nos musées comme nos amateurs
font profession d ignorer Us ont sur l’art, je le
sais, des visées qui ne .sont point les nôtres;
mais leurs intentions sont si clairement souli-
gnées, leurs portraits ont tant de physionomie,
leurs paysages et leurs marines ont une si
puissante saveur, qu’on parvient très bien à
comprendre ce qu’ils cherchent, quoiqu’ils ne le
disent pas en français. Pour les entendre, il faut
renoncer à nos préjugés, à l’étroitesse de nos
systèmes; c’est surtout quand on entreprend
d’étudier les Ecoles étrangères qu’il importe de
dépouiller le vieil homme et d’apprendre à mo-
biliser son idéal.
Ceux qui sont à la recherche d’un plaisir
nouveau doivent commencer par la Grande-
Bretagne la revue des Écoles étrangères. Dans le
domaine de l’art, l’Angleterre est le pays de
l'inédit. Théophile Gautier le remarquait dès
1855 : le mince ruban bleu qui entoure leur île
d’une étroite ceinture est comme un océan qui
isole les Anglais du reste du monde et leur
permet de conserver intacte l’originalité qu’ils
ont conquise avec Hogarth et les maîtres du
xviii' siècle. Bien qu’ils soient d’infatigables
voyageurs et qu’on les rencontre dans tous les
musées, ils se sont constitués un idéal qui est
bien à eux et que ne vient altérer aucun
mélange. Sans doute, l’École est soumise à la
loi universelle du changement; depuis 18S5, où
ils nous étonnèrent si fort, les Anglais se sont
bien modifiés à la surface, mais les aspirations
nutîvfîs deinem eut, êt ils sont assez originaux
pour nous surprendre encore. Ils restent fidèles
à la loi de leur tempérament, qui se caractérise
par un tendre amour pour la nature, par une
application constante à la bien voir et à la bien
rendre, par une aptitude singulière à mettre du
sentiment partout. De plus, quoiqu’ils aient été
à l’origine disciples des Flamands et qu’ils
sc souviennent toujours des visites que Rubens
et \ an Dyck leur ont faites, ils ont une manière
à eux d entendre la couleur et, dans la recherche
du ton, ils ne sont nullement timides. Avec
cela, ils conservent la liberté de l’esprit. Cette
domesticité qui a été la plaie et le chûtimentde
quelques Écoles continentales leur est profondé-
ment antipathique : ils connaissent la tradition :
ils ne s’agenouillent pas devant elle. Si l’on a
quelque chance de trouver du nouveau au
Champ de Mars, c’est chez les Anglais.
La preuve qu’ils n’ignorent point le passé,
c’est que c’est chez eux qu’est né le mouvement
préraphaéliste. Cette doctrine, qui ne bat plus
que d’une aile, consistait pour l’artiste à se
mettre en face de la nature et à la contempler
avec des yeux innocents, des yeux du xve siècle.
L idéal était d’être candide et primitif à la mode
des bons ouvriers de la première Renaissance,
Raphaël et ses amis étant considérés comme de
redoutables décadents. Mais il n’est pas toujours
facile cl être naïf; il est même impossible, si l’on
est sincère, de ne pas introduire dans son art
un peu de J âme de son temps; aussi la théorie
des préraphaélistes, bien qu’elle ait été mise en
honneur et soutenue par des peintres vaillants,
est-elle aujourd’hui presque abrogée. Les uns
sont morts, les autres sont rentrés dans le giron
de 1 Église. Il est pourtant resté quelque chose
de ce mouvement qui voulait être la résurrec-
tion de la candeur et la ruine de l’artificiel.
Parmi les débris du système qui fut à la mode
de 1850 à 1860, un élément vivace subsiste :
c’est un respect profond pour la nature étudiée
dans son fin détail, un culte loyal pour l’auto-
nomie des formes, qu’il s'agisse du type humain
ou de l’individualité du brin d’herbe. Le pro-
cès-verbal est devenu plus exact. A ce point de
vue, le préraphaélisme n'a pas été inutile.
Son action se manifeste encore par un goût
très ardent pour le rétrospectif et particuliè-
rement pour les grands maîtres du xve siècle.
Ces maîtres trouvent à Londres quelques dis-
ciples posthumes, entre autres MM. Burne Jones
et Walter Crâne, qui intéressèrent si vivement
la critique française à l’Exposition de 1878.
M. Burne Jones, on s’en souvient, avait envoyé
un très curieux tableau, Merlin et Viviane, un
poème du temps des légendes et tout plein d’une
grâce sauvage. Nous en fûmes tous enchantés.
« La Viviane du peintre, disait Charles Blanc,
semble évoquée par une sorte d’incantation :
on dirait d une figure de Mantegna qui serait
retouchée et amoureusement enveloppée par le
pinceau d’un Prud’hon. » Mais ces mois disent
mal le parfum qui s’exhalait de cette création
savoureuse. Depuis lors, M. Burne Jones a con-
quis le titre d’associé à l’Académie royale : il a
cependant conservé toute son originalité. Ce qui
me frappe dans les lignes que Charles Blanc
écrivait en 1878, c’est que notre ami avait deviné
que l’artiste anglais était un adorateur de Man-
tegna. Il ne se trompait point : le nouveau ta-
bleau de M. Burne Jones, Le Roi Cophetua, est
un aveu formel des tendresses que le peintre
moderne a vouées au grand maître de Padoue.
Ce roi Cophetua, qu’il est inutile de chercher
dans les biographies, est un prince des époques
légendaires qui n’avait aucun préjugé et qui
épousa un jour a beggar-maid, c’est-à-dire une
jeune mendiante. De ces figures, noyées dans
les vapeurs d’une lointaine poésie, M. Burne
Jones a fait des personnages du xve siècle finis-
sant, des contemporains de Mantegna et de Car-
paccio. Dans un intérieur somptueusement
déçoré, la mendiante est assise vêtue de sa mes-
quine robe de pauvresse, et les pieds nus; le
roi est prosterné devant elle, habillé de fer da-
masquiné, comme François de Gonzague, mar-
quis de Mantoue, dans le tableau de la Vierge
de la J ictoire, qui est au Louvre. Le prince
amoureux a sur ses genoux une couronne enri-
chie de pierres précieuses et va l’offrir à sa
bien-aimée. Au fond, deux figures épisodiques,
1 wo chorister boys, dit Blackburn, qui jouent
dans la composition le même rôle que les anges
musiciens chers aux Vénitiens de 1490.
(A suivre.) Paul Mantz.
EXPOSITION DE LÄ VILLE DE PARIS
LE SERVICE DES EAUX
11 est peu de questions aussi importantes pour
une ville que celle de son alimentation en eau
pure. L eau, en effet, est un facteur essentiel de
l'hygiène domestique et, par suite, de l’hygiène
urbaine. Une ville ne saurait être considérée
comme saine, si elle n’est dotée d’un svstème
d irrigation tel, qu elle ait 1 eau en abondance.
Mais ici s’élève une grave question : il ne suffit
pas que 1 eau soit en quantité suffisante pour
permettre le lavage de la cité, il faut encore
que celte eau, sinon en totalité, ce serait l’idéal,
üu moins une notîiIjIc partie de s;i massepréseote
un degré rigoureux de pureté tel, qu’elle puisse
être distribuée dans les maisons pour servir à
l’alimentation proprement dite.
Depuis vingt ans, les idées des hygiénistes
ont subi un bouleversement total. Les fécondes
découvertes sorties du laboratoire de notre
grand Pasteur ont jeté sur les notions des
maladies contagieuses que nous pouvions pos-
séder déjà des connaissances tellement claires
et précises, que c’est armé de données positives,
que le savant établit désormais les lois de l’hy-
giène privée ou sociale. Longtemps avant Pas-
teur, nous savions que certaines maladies étaient
transmissibles; déjà Budd avait indiqué les dan-
gers de l’eau contaminée par les déjections des
typhiques; Davaine, que l’on peut considérer
comme le précurseur immédiat de Pasteur, avait
signalé le rôle morbigène des micro-organismes;
mais il n’en est pas moins vrai que ce n'est que
depuis quelques années, que l’attention des
savants et des administrateurs dirigée de ce
côté, entraînée par des observations ou des
expériences probantes, a déterminé des modi-
fications radicales dans les services publics
d'hygiène.
Ces considérations générales sont nécessaires
pour permettre de comprendre et de justifier
les efïbrts vraiment considérables, quoique
insuffisants encore, que les villes, et notamment
la ville de Paris, ont fait pour se doter d’un
riche régime d’eau pure.
L’Exposition du service des eaux, qui occupe
une travée du pavillon de droite de la Ville de
Paris, n’ofïrirait pas aux visiteurs un attrait
puissant, s'il ne consent à se livrer à une étude
un peu sérieuse de la question, et cependant
nous n hésitons pas à le déclarer, il n’en est pas
d’aussi intéressante, attrayante même.
En entrant dans le pavillon par la porte
Nord, et laissant à sa droite la maison salubre
et à sa gauche, la maison insalubre qui consti-
tuent une partie de 1 Exposition du service de
l’assainissement, et sur laquelle nous nous