Danske Herreborge Fra Det 16de Aarhundrede
Forfatter: Francis Beckett
År: 1904
Forlag: Gyldendalske Boghandel - Nordisk Forlag
Sted: Kjøbenhavn
Sider: 152
UDK: Folio 72(489)Bec
Kunstakademiets Opmaalingsarbejder
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
voûtées a lieu uniquement par l’escalier de la tour d’escalier.
Dans la cave d’Egeskov et dans celle de Nakkebælle on trouve
encore aujourd’hui un puits, et suivant une tradition il y en a
eu jadis un dans la cave de Hesselagergaard. Les pièces
situées au-dessous de l’une des tours d’angle à Hesselagergaard
et à Borreby sont considérées comme d’anciens cachots, et
sans doute la tradition a raison; elles sont munies de sièges
en pierre et de placards. A cela vient s’ajouter que l’expertise
de Nakkebælle fait expressément mention de la „tour claire
des prisonniers“ sous l’une des tours d’angle. Les prisonniers
ont été bien gardés à cette profondeur derrière les verrous et
les serrures.
Si, au lieu de descendre dans la cave, on monte l’escalier
conduisant au premier étage, on entre dans les salons. Seul
le nom du gynécée, où l’on pénètre d’abord, est resté; dans
les autres cas les noms des pièces varient. Il y a eu, soit
des salons, dits salons d’été et qui n'ont sans doute servi de
résidence habituelle qu’en été, soit des chambres d’ami, soit
des chambres à coucher. Il est difficile de ne pas observer
que le nombre des pièces a été relativement restreint, (seul, Ege-
skov en possédait un grand nombre) et que la „grande maison“
était réservée exclusivement aux maîtres de la maison. Dans
quelques châteaux, la cuisine est actuellement installée dans le
sous-sol; à l’origine elle ne se trouvait pas dans la „grande-
maison“ mais dans l'économat adjacent. On peut donc sup-
poser, ou bien qu’on portait les plats dans la „grande-maison“,
ou bien — ce qui est probable — que les maîtres prenaient
les repas avec leurs domestiques dans l'office, comme les pay-
sans le font encore de nos jours.
En quittant le premier étage et en montant l’escalier dallé
de la tour jusqu’au deuxième étage, on entre dans la grande
salle, „salle de fête“, „salle de danse“, ou tout simplement „la
salle“. A Rygaard cette salle comporte l’étage tout entier, ce
qui a été autrefois le cas à Hesselagergaard et à Nakkebælle;
à Egeskov, elle ne formait qu’une moitié de l’étage, et à Œr-
baeklunde elle n’en comportait qu’une partie. Les jours de
semaine, on ne s'en servait pas, elle était froide et déserte;
on n'y avait recours qu’aux fêtes.
Ce n’est qu' à Œrbaeklunde que le premier étage est voûté;
partout ailleurs le premier et le second étages étaient couverts d'un
lambris. A Hesselagergaard, les consoles sculptées sont encore
du moyen âge (fig. 7), mais déjà à Egeskov et à Borreby elles
affectent la forme Renaissance. Pour peu qu’on se figure les
murs du premier étage munis de placards, bien fermés à laide
de battants sculptés, des bancs adossés aux murs de la salle,
les sols dallés ou carrelés, les cheminées, les lambris décorés
de vives couleurs, les murs ornés de décorations faites sur des
pierres blanchies à la chaux, on peut se faire une idée approx-
imative de l’intérieur des châteaux forts. L'impression n’en
était nullement hospitalière et gaie, elle était plutôt sinistre et
triste. Elle correspond entièrement au caractère des contem-
porains, tel que nous le connaissons par les portraits de l’é-
poque. Le jour ne pénétrait que parcimonieusement par les
fenêtres relativement petites, percées dans des murs d’une
épaisseur considérable. Les pièces ont dû être fraîches en été,
mais en revanche d’un froid mordant en hiver. Chaque étage
n’avait que deux cheminées, une à chacun des bouts des
faces latérales; il en est résulté que les pièces du milieu au
premier étage étaient à peu près inhabitables en hiver. Il fal-
lait cependant faire des sacrifices, si l’on tenait à être confor-
tablement logé; les gens d’alors, accoutumés au grand air,
étaient sans doute moins frileux que nous autres, en tout cas
on n’était pas habitué à mieux. Sans doute on se blottissait,
comme le font encore de nos jours les paysans, les petits
propriétaires ruraux et les ouvriers, dans une seule chambre,
autour du foyer rayonnant, tandis que le reste du châtean res-
tait dans une solitude glacée et majestueuse.
A Rygaard, la salle est encore assez bien conservée; un
peu basse de plafond, sombre, trop étroite, si l’on tient compte
de sa longueur, munie de cheminées aux faces latérales et
ornée de restes de peintures murales. La décoration des murs
représente des pierres de taille et des boiseries sculptées, et
l'on y voyait une série d'images; le sujet en était biblique,
à en juger par ce qui en reste, ce qui ne laisse pas d’être
curieux, quand on considère le but purement civil auquel
était destinée la salle. Nulle part en Danemark on ne peut,
aussi bien qu’ici, se reporter en songe au temps de Christiern
II. A Borreby, à Nakkebælle et à Œrbaeklunde, on a conservé,
ou du moins on se rappelle l’existence de la décoration pri-
mitive des appartements.
Enfin il y a un détail qui rend plus romanesques ces
vieux manoirs. Outre la communication existant entre les étages
par la tour d’escalier, on trouve également, excepté à Œrbaek-
lunde, à l'intérieur même de la maison, des escaliers par les-
quels on peut se rendre secrètement, et le plus souvent dans
l’obscurité, d’une pièce à une autre. A Rygaard on arrive
par un escalier dérobé du mur extérieur de la salle au corps
de garde, et dans les autres châteaux forts on peut monter, par
ces escaliers dérobés, de la cave au premier étage, et continuer
jusqu’au second. Indéniablement ces escaliers dérobés ont
quelque chose de mystérieux; on ne saurait en expliquer en-
tièrement l’existence en disant que les habitants de la maison
ont désiré, par ce moyen, communiquer plus facilement avec
les étages, qu’en se servant de l'escalier que leur offrait la
tour. On peut supposer que le seigneur a voulu se réserver
ces escaliers dérobés et qu'ils donnaient accès à des dépôts
importants — titres relatifs au château, provisions etc. — aux-
quels il ne voulait pas que d'autres touchassent.
Ces châteaux forts sont remarquables, tout d abord parce
que, grâce à eux, nous assistons en personne à un chapitre de
l'histoire du Danemark: la „guerre du comte“. En vérité, c est
là de l’histoire danoise, illustrée par l'histoire. Toutefois les
châtelains n’ont pas seulement construit leurs châteaux par
crainte, pour leur sûreté; ils les ont bâtis par défi, et parce
qu’ils entendaient être logés confortablement et luxueusement.
Voilà pourquoi leurs châteaux ont une valeur d’art. Comme
ce sont les hommes les plus considérables et les plus impor-
tants de l’époque qui les ont construits, ils ont su donner à
leur demeure un caractère tout personnel. Non seulement ils
nous révèlent en général l'orgueil d’un seigneur du temps, mais
ils contribuent aussi largement à nous faire comprendre l'âme
de chaque châtelain. Les voilà, dans les fertiles îles danoises,
comme des souvenirs silencieux, mais non muets, d'un passé
qui nous est étranger, d’aspect un peu lourd et taciturne, dé-
passant le feuillage des arbres de leurs toits abrupts et de leurs
pignons décorés, réflétant leurs murs brun rouge dans les
fossés aux eaux dormantes. Le temps, le meilleur des archi-
tectes, a fait son œuvre. „II n'a ni ciseau, ni maillet: il a
pour outils la pluie, le clair de lune et le vent du Nord. Il
termine merveilleusement le travail des praticiens. Ce qu il
ajoute ne se peut définir et vaut infiniment“, comme a dit
M. Anatole France.
83
84