Danske Herreborge Fra Det 16de Aarhundrede
Forfatter: Francis Beckett
År: 1904
Forlag: Gyldendalske Boghandel - Nordisk Forlag
Sted: Kjøbenhavn
Sider: 152
UDK: Folio 72(489)Bec
Kunstakademiets Opmaalingsarbejder
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II
Ces six châteaux forts forment un groupe à part de l’hi-
stoire de l'architecture danoise. Ils ont de commun le plan rect-
angulaire, les deux étages et demi, les deux rangées d’arcatures
et les hauts pignons somptueux aux faces latérales. Depuis le
château de Hesselagergaard il faut ajouter les tours d’escalier et
les tours d’angle. Il n’est pas étonnant qu’ils forment un groupe;
sans doute ils ont subi une influence réciproque. Cinq de ces
châteaux se trouvent à proximité, dans la partie sud-est de l’île
de Fionie, entre Odensée et Svendborg-Faaborg; Borreby (dans
l’île de Séeland) et Hesselagergaard ont été construits par les
soins du même propriétaire. Ce sont deux frères qui ont édifié
Egeskov et Nakkebælle, et c’est le neveu de Johan Friis qui a
construit Œrbaeklunde. Les habitations seigneuriales ne sont
pourtant pas une imitation servile les unes des autres. Chaque
propriétaire et chaque architecte ont ajouté du leur, ont eu leurs
idées, leurs désirs et leurs pensées. Et du reste les conditions
de l’époque avaient changé depuis le commencement jusqu’à
la fin du 16e siècle, depuis Rygaard jusqu’à Œrbaeklunde.
On peut agrandir le groupe, en y ajoutant Gisselfeld, dans
l’île de Séeland — ou le système a été appliqué à un bâti-
ment à trois ailes — et la partie la plus ancienne d’Arreskov
en Fionie; il est probable que d’autres monuments danois,
à présent disparus, ont fait partie du groupe; l’aile principale,
actuellement reconstruite, de Dronninglund en Jutland, a évi-
demment pu prétendre à être jointe au groupe. Mais d’au-
tres châteaux, un peu plus anciens, contemporains ou de
date plus récente du Danemark d’autrefois ont eu un aspect
différent, ce qui résulte d’un court aperçu.
Vers 1500 Jens Holgersen Ulfstand a fait construire dans
la partie sud-est de la Scanie le rude château de Glimminge-
hus, bâtiment carré en moellon brut, surmontant le sous-sol de
deux étages et surmonté à son tour d un demi-étage supérieur.
Si ce monument se trouvait dans un endroit d un accès plus
facile, au lieu d’être isolé, il serait certainement célèbre, car
par ses masses grises et épaisses, aux murs percés de petites
fenêtres gothiques, ses hauts pignons étagés, par son unique
porte d’entrée, s’élevant prudemment au-dessus du sol, il nous
donne le goût le plus âcre du moyen age: 1 entetement inhospi-
talier et la puissance menaçante et vigoureuse. Il nous rappelle
les énormes palais en rustique de Florence du 15e siècle.
De nos jours, ce château est un monument unique dans cette
province qui ne fait plus partie du Danemark, mais il y
a eu autrefois des monuments semblables en Scanie, mo-
numents construits en briques, articulés plus richement, sans la
force simple et grandiose de Glimmingehus. Dans le Danemark
actuel, le château de Tjele le plus ancien en date fait partie
de ce groupe, et, dans un sens plus large, le château de Aedby-
gaard dans l’île de Séeland. Mais ces monuments se séparent
nettement de notre groupe; ils n’ont ni tour d escalier, ni tours
d’angle, ni rangées d’arcatures, ni demi-étage a encorbellement.
Quelques châteaux de Scanie sont à peu près de la même
époque que nos six châteaux forts. Le type le plus richement
formé se compose de quatre ailes faisant corps, de manière
que l’une d’elles — comme à Rygaard — soit 1 aile munie de
la porte; et à l’intérieur, dans la cour, se trouve, de préférence,
dans un coin une tour d’escalier. Ici, un bâtiment à quatre
ailes est chargé de la nécessité de défendre le chateau, une
tour d’angle extérieure ayant été construite aux deux angles,
d’après la diagonale du carré. Placé sur ces tours, on pouvait
tirer sur l’emplacement devant les quatre ailes du chateau.
Cependant ces châteaux n’ont pas non plus les deux rangées
d’arcatures et le demi-étage à encorbellemeat. Le demi-étage
supérieur, amenagé en vue de la défense des bâtiments ne forme
pas saillie devant le mur. Tous les châteaux du Holstein diffèrent
encore davantage de notre groupe; ils n’ont ni tours d’angle,
ni demi-étage à encorbellement.
Les châteaux de l’époque immédiatement subséquente
diffèrent également de ceux de notre groupe. C’est ce qu’on
voit le mieux en considérant les reproductions de Bavelse et
de Selsœ, dans l’île de Séeland, et de Ulfeldsholm (actuelle-
ment Holckenhavn) en Fionie, figurant sur le cadastre de 1588
de Jacob Ulfeld. Ces châteaux ne possèdent pas le demi-étage
supérieur, ni les tours d’angle. Ici, il n’a nullement été question
de la défense de l’habitation seigneuriale; on ne s’est soucié que
d’être logé confortablement. La flèche de la tour d’angle dé-
passe fièrement le faîte, les pignons hollandais encadrés de grès
terminent d'une manière décorative les faces latérales du monu-
ment, et les pignons ont été multipliés en terminant les lucarnes
de la façade des corps de logis et en contribuant à leur donner
un caractère décoratif, hospitalier et franc, différant entièrement
de l'aspect fermé et sinistre que présentent nos six châteaux forts.
Des particularités essentielles du type sont déjà définitive-
ment adoptées à l'habitation seigneuriale de Rygaard. Le pro-
priétaire a sans doute eu recours aux lumières d’un artiste pour
sa „grande maison“. Si l’on considère que Johan Urne était
commandant du château de Copenhague et, qu’à ce titre, il
a sans doute eu des rapports avec Martin Bussart, architecte
du Roi, il serait assez logique de supposer que Bussart a prêté
son concours à Johan Urne, lors de la construction du château
de celui-ci. Toutefois il n’existe pas de témoignage écrit positif.
Si, à partir de Hesselagergaard, le plan est enrichi de
tours d’angle, on pourrait présumer que ce détail est dû à
l’influence des châteaux forts français. En effet depuis le 14e
siècle jusqu’au 16e, les châteaux forts de France sont flan-
qués de tours d’angle; ce sont elles qui donnent à leur archi-
tecture son caractère hardi et menaçant. Frants Brokkenhus
avait visité la France dans sa jeunesse, et il peut y avoir subi
I influence des châteaux forts français. Johan Friis aussi avait
parcouru le monde en sa jeunesse; il avait étudié à Cologne
et avait visité Rome, sous le pontificat de Léon X, comme
il a été dit expressément dans son oraison funèbre. Cepen-
dant on ne mentionne pas de séjour en France, ce qui, toute-
fois, n’est pas invraisemblable, et si Johan Friis n’a pas vu,
lui même, l’architecture des châteaux forts français, il se peut
que son architecte l’ait connue. D'ailleurs les rapports entre
les châteaux forts de France et les châteaux forts danois ne
reposent que sur une impression générale; les pignons dé-
corés, si caractéristiques pour les châteaux forts danois depuis
Rygaard jusqu’à Œrbaeklunde, sont inconnus en France; les
français sont couverts de toits en croupe. On peut avoir
subi considérablement l’influence française; mais le fond reste
national.
Tandis que les murs extérieurs des habitations seigneuriales
sont conservés et peuvent en raconter l’histoire encore aujour-
d’hui, la division intérieure des appartements et surtout la déco-
ration intérieure a changé dans le courant des années. C’est
qu’on s’installe de manière différente d’après les époques, et
chaque génération arrange sa demeure à sa guise. En étudiant
les plans et en les comparant avec quelques expertises, on peut
cependant retrouver, sur quelques points, la disposition primitive.
A Rygaard on descend dans la cave en venant de la cour
d’honneur. Dans les autres châteaux l’accès aux vastes caves
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