Danske Herreborge Fra Det 16de Aarhundrede
Forfatter: Francis Beckett
År: 1904
Forlag: Gyldendalske Boghandel - Nordisk Forlag
Sted: Kjøbenhavn
Sider: 152
UDK: Folio 72(489)Bec
Kunstakademiets Opmaalingsarbejder
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Ce n’est pas par la force et la fermeté des lignes, ni
par ses proportions irréprochables que Borreby nous en im-
pose; le demi-étage supérieur déborde si considérablement qu’il
étreint les autres étages, et les pignons principaux pèsent sur
les tours d’angle. Mais le château séduit et amuse par une
variation pittoresque de l’extérieur; l’enduit blanc des rangées
d’arcatures et des arcs des fenêtres se présente bien sur les
briques rouge brun et sur les corbeaux de pierre grise sculptée,
la monotonie des parements des murs est capricieusement
rompue par les tours en saillie hardie et les latrines maçonnées
moins dominantes; l’ensemble est couronné de huit pignons
somptueux plus ou moins lourds. Le chancelier avait vraiment
une demeure caractéristique.
L’histoire de la construction de Nakkebcelle (pl. 36 45)
s’étend sur une série d’années considérable. Au-dessus de la
porte extérieure on lit qu’en 1559 l’amiral Jacob Brokkenhus
a bâti le château, mais une inscription maintenant disparue
nous apprenait que sa femme, Susanne Bælle, construisit
le château pendant la captivité en Suède de son mari. Jacob
Brokkenhus était prisonnier des Suédois de 1563 à 1570 et
sa femme mourut déjà en 1569; on pourrait donc supposer
que le château était achevé lors de son décès. Il n’en est pour-
tant pas ainsi. Sur l’une des cheminées en grès à l’étage supé-
rieur — l’ancienne salle de danse — nous voyons, outre les
armes des Brokkenhus, celles des Friis, (fig. 44) ce qui revient
à dire que la cheminée a été exécutée après qu’en 1574 le fils
de Jacob Brokkenhus, Eiler, eut épousé Berte Friis. Non seule-
ment la cheminée est le pendant de l’autre cheminée du côté
occidental du château, mais elle correspond encore si exac-
tement aux autres détails décoratifs du bâtiment que tous
doivent être de la même époque. On ne saurait affirmer
que Jacob Brokkenhus, mort en 1577, a't vu ^e château achevé.
Ce qui est certain, c’est qu’il l’a été avant le mariage de Eiler
Brokkenhus et d’Anne Bille, en 1584, après la mort de sa pre-
mière femme en 1582.
Comme les autres habitations seigneuriales, Nakkebcelle a
possédé un demi-étage supérieur, à corps de garde et à meur-
trières, et, du côté de la face latérale de l’édifice, on a vu se
dresser des pignons somptueux; c’est ce qui résulte de quel-
ques indices conservés, et le fait est expressément confirmé par
une expertise de 1679. C’est donc après cette année que les
pignons principaux, les chemins de ronde et les meurtrières
ont disparu, seuls les mâchicoulis sont restés; le château a été,
alors, couvert d’un toit en croupe. Comme à Borreby — dont
l’architecte de Nakkebcelle a sans doute connu le plan -— les
deux tours d’angle sont carrées. Le château a pu se distinguer
par sept pignons plus ou moins grands; les pignons dont le
ciment a été enlevé et qu’on voit sur la planche 3g provien-
nent d’une restauration faite entre 1870 et 1880.
Nakkebcelle est extraordinairement riche en détails de pierres
sculptées. A l'habitation seigneuriale de Rygaard il n’y a, en
fait de pierres sculptées, que les corbeaux sous l’arcature su-
périeure, mais il résulte de la vieille expertise que le sol était
dallé, et comme le même fait ressort de l’expertise de Nakke-
bælle, on peut regarder comme prouvé que tous les châteaux
forts avaient des dallages. A Hesselagergaard il n’ y a que la
tour d’escalier qui possède un socle en pierre, aux autres châ-
teaux le socle en pierre fait le tour de l’édifice; à Œrbaek-
lunde le socle de pierre a même trois assises. De plus à Hessel-
agergaard, comme aux autres châteaux de date plus récente, la
tour d’escalier renferme un escalier en pierre; comme consoles à
Hesselagergaard et comme consoles et escalier dans la tour
d’escalier, à Borreby, Johan Friis s’était servi d’anciennes pier-
res tombales. La plaque gravée de Hesselagergaard est cepen-
dant un ouvrage réellement important. Il forme un point de
repère dans la civilisation danoise. C’est ici que, deux ans
après la Réforme, l’humanisme s’est clairement manifesté, non
seulement dans les figures de la pierre, mais encore dans
l’inscription. Johan Friis a désiré que la postérité connût le
nom et la famille du propriétaire constructeur; c’est pourquoi
nons voyons gravé son écusson sur la pierre; il a encore voulu
conserver, pour la postérité, son portrait; voilà pourquoi son
effigie est sculptée dans la pierre. Il a voulu montrer que la
pudeur du moyen âge devant le nu n’était plus; deux femmes
nues sont debout devant l’écusson. Fier de sa race, il a voulu
annoncer que rien ne saurait avoir raison de la lignée des
Friis. Elle est représentée par un arbre, au feuillage touffu,
contre lequel soufflent en vain deux vents; l’arbre est droit
sans se courber devant la tempête. Enfin il a fait graver cette
inscription, en vers latins, pleine d’orgueil:
„C’est ici que Johan Friis a fait construire sur le sol antique
des ancêtres cet édifice nouveau, sa demeure et celle de sa
famille. Tu contemples les armes du propriétaire, bien sculp-
tées dans la pierre pour montrer la provenance et la naissance
et l’antique origine de sa maison.“
Ce n’est pas en vain que, dans sa jeunesse, Johan Friis
a visité Rome au temps du pape Leôn X. En paroles et en
images, la plaque reproduit à peu près les mots que Vasari
prête quelque part à Filippo Brunelleschi, le grand architecte
de la Renaissance, mots ayant servi de devise à cet ouvrage:
Souvenez-vous bien que nous ne laisserons d’autre monument
que les murs qui, à travers les siècles, rendront témoignage de
celui qui les a fait construire.
A la tour d’escalier de Borreby on voit encore une plaque
gravée, et dans une des chambres de la tour on trouve deux
consoles ioniques sculptées, portant les nervures de voûte. On
en trouve de semblables à Nakkebælle, et il y existe encore
deux cheminées primitives en grès. Ce qui est plus important,
c’est qu’on a donné à la simple ouverture de la porte de
la tour d’escalier un encadrement riche en pierres sculptées
(fig. 18) et que quelques-unes des fenêtres des tours d’angle
sont munies de jambages en pierre et de meneaux. L’un et
l’autre sont des signes précurseurs de l’architecture de la Re-
naissance danoise proprement dite. Or, à son programme nous
voyons figurer précisément les splendides portails de grès et
les meneaux et encadrements de pierre curieux et capricieux,
couronnés de frontons décorés. A Nakkebælle il n’y a qu’un
petit nombre des fenêtres aux tours d’angle qu’on a fait saillir,
et ce n’est qu’au-dessus des fenêtres des tours d’angle qu’on
trouve ces arcs elliptiques profilés qu’on connaît à Borreby.
Ce qui est certain, c’est que le plan primitif d’ Œrbaek-
lunde, (fig. 46—53) château achevé en 1593 par le neveu de Johan
Friis, Niels Friis, a subi l’influence de Borreby. Dans les deux
châteaux trois tours se joignent à l’une des façades. Mais on
a évidemment cherché, lors de la construction du château
d’Œrbaeklunde, à varier davantage le style. La tour d’escalier
y est octogonale, et la tour du milieu est plus gracile que
les deux tours d’angle. Mais bien que le plan soit essentielle-
ment moyennageux, un esprit nouveau se fait partout sentir,
celui de la Renaissance. Nons avons déjà dit que le château
manque de mâchicoulis, de même que la porte de la tour
d’escalier semble souhaiter la bienvenue à celui qui entre dans
la cour d’honneur. Les fenêtres des deux étages sont percées
à des distances parfaitement régulières, la tour d escalier dé-
passe l’avant-toit, la flèche percée à jour, d’après le style de
la Renaissance hollandaise, se dresse fièrement au-dessus du
faîte, et tous les pignons sont munis d’encadrements de grès,
style de la Renaissance néerlandaise. Ici le désir d’être agré-
ablement et confortablement logé a prévalu sur celui d’être à
l’abri des attaques des ennemis.
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