ForsideBøgerDanske Herreborge Fra Det 16de Aarhundrede

Danske Herreborge Fra Det 16de Aarhundrede

Forfatter: Francis Beckett

År: 1904

Forlag: Gyldendalske Boghandel - Nordisk Forlag

Sted: Kjøbenhavn

Sider: 152

UDK: Folio 72(489)Bec

Kunstakademiets Opmaalingsarbejder

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Side af 164 Forrige Næste
Ce que le château de Hesselagergaard a de plus curieux au point de vue décoratif et architectural, ce sont les deux principaux pignons et surtout le pignon est. Si, par les détails décoratifs de la Renaissance, on entend des formes empruntées à l’art antique, il faut avouer que, seule la corniche à redents, entre les deux retraites, a un prototype antique. Mais personne ne saurait à juste titre appliquer le nom de gothique au pignon. Tandis que les pignons gothiques les plus récents ne tendent qu’à remplir le parement, le pignon se présente comme une sorte de pseudo-architecture en deux étages, et si, dans ce cas, non seulement la verticalité, mais encore l’horizontalité sont si accentuées, on sent l’approche de la Renaissance. Le prototype éloigné de ce pignon est sans doute le célèbre portail, couvert de marbre et d’un effet si agréable, de la porte principale de la Scuola di San Marco à Venise (1485). Toutefois ce portail vénitien a été imité de bonne heure au delà des Alpes. Dans la contrée située entre le Wéser et l’Ems, sur une ligne tirée de la petite ville de Stadthagen, à l'est, à Münster, à l’ouest, on trouve, datant de la première moitié du 16e siècle, une série de pignons à redents décorés, ressemblant généralement aux pignons de Hesselagergaard. Pourtant, sur la partie inférieure du Wéser, à Brême, on trouve, 33 Wacht- strasse, une maison dont le pignon (fig. 8) a une ressemblance incontestable avec ceux de Hesselagergaard. Peut-être l’archi- tecte qui a exécuté les pignons de Hesselagergaard a-t-il connu ce pignon de Brême, ou d'autres analogues, peut-être est-il originaire des contrées d’Allemagne où se trouvent des pignons de ce genre. Johan Friis pouvait à juste titre être fier de ses pignons. Il les a reproduits moins accusés à la tour carrée d’escalier, couronnée peut-être à l’origine d’une coupole. Du reste, il y a une tendance marquée à bâtir autant de pignons décoratifs que possible, pouvant donner à l’édifice un caractère gai et imposant. Cependant on ne saurait nier que les pignons luxueux du bâtiment principal n’empiètent pour anisi dire sur les tours d’angle, trop chétives, alors qu'elles devraient être des sentinelles avancées et fortes; d’autre part la tour d’escalier est un peu trop lourde et massive proportionnellement à l’édifice même. En somme Johan Friis, ou son architecte, ont eu plutôt l’intelligence des bons détails que celle de la fusion de ces détails pour en créer un tout d’un effet énergique et harmonieux. Les fenêtres sont percées assez irrégulièrement dans les parements des murs, et, comme à Rygaard, ceux-ci sont brisés par les latrines extéri- eures. Sur la vue du château, de 1800, reproduite dans la figure 5, on voit encore deux latrines extérieures de ce genre. Celui à qui revient l'honneur d'avoir construit Egeskov (pl. 21—27) — que ce soit le propriétaire, Frants Brokkenhus, sénéchal du royaume, ou son architecte — a eu une intelli- gence bien plus claire de l’effet produit par l’ensemble. Il a su subordonner les détails à l’ensemble, de manière à ne per- mettre à aucun des détails d’empiéter sur un autre. D'après une vieille indication, le château a été construit en 1554; à la dernière restauration de l'habitation seigneuriale, faite sous les auspices de l’architecte suédois Helgo Zettervall, cette date a été inscrite au moyen de chiffres de fer sur la face latérale nord de l’édifice. Les deux beaux pignons, encadrés de grès, surmontant la face sud (pl. 27) qui ne peuvent remonter à une époque antérieure à la fin du 16e siècle, disparurent à cette occasion, et les pignons furent rebâtis conformément aux pignons nord; c’est que notre époque est désireuse de ré- gularité. Egeskov est le plus considérable et le plus majestueux des châteaux forts danois. C’est ici qu'on a bien calculé les proportions entre les tours d’angle, d'une saillie hardie et forte, et les pignons décoratifs, et ici la grosse tour carrée d’escalier semble une sentinelle placée devant l'une des façades sans 77 peser sur elle. Percé partout de meurtrières, dressant fièrement ses pignons de luxe et menaçant de ses tours, l’édifice donne, à sa manière, une image incomparable d’orgueil et de force chevaleresques, et l'on est autorisé à supposer qu’il répondait parfaitement à l’âme autoritaire et guerrière du propriétaire. Il se compose d’une maison large, à double toit et à doubles pignons extrêmes, il paraît donc composé de maisons faisant corps. On trouve de cette période, dans le Holstein, des échantillons d'un bâtiment couvert d’un ou de plusieurs toits disposés dans le sens longitudinal des maisons, et l’influence du Holstein s’est probablement fait sentir à Egeskov. Cependant, dans les monuments du Holstein, l’entrée est placée à la face surmontée du pignon; à Egeskov on a cependant adopté l'ar- chitecture du Holstein d’une manière originale, et on l’a appli- quée de propos délibéré. L'espace est en effet deux fois plus grand, tandis que la circonférence n'a été augmentée que de deux faces latérales et, en divisant en deux ces faces, on est parvenu à éviter que les pignons décoratifs n’empiètent sur les tours d’angle. En ajoutant à ces quatre pignons les pignons primitifs de la tour d’escalier on obtient sept pignons décoratifs. Deux rangées d’arcatures font le tour de tout le monu- ment, sans être interrompues — comme on le voit en partie à Rygaard et à Hesselagergaard — aux faces latérales, et ici le demi-étage supérieur — dont les arcs reposent sur des corbeaux en briques moulées — n'est que peu saillant. On évite par là le caractère lourd et surplombant que le demi-étage donne aux autres châteaux forts. Mais en outre des deux rangées d’arca- tures, et sous les fenêtres du premier étage, deux moulures min- ces et profilées font le tour de l’édifice, et celui-ci repose sur un socle en pierre contournant le bâtiment. Grâce à l’horizontalité de leurs lignes, ces moulures et ces rangées d’arcatures rendent plus large l’aspect de l’édifice et lui donnent un catactère de force massive. De plus on a cherché à diviser les parements des murs à l’aide des fenêtres, en les ouvrant verticalement les unes au- dessus des autres, tandis qu'on a essayé de balancer harmoni- eusement les proportions de grandeur entre les fenêtres de l’édi- fice même et les fenêtres de dimensions plus petites dans les tours; aux murs latéraux et à la façade d’entrée, les fenêtres sont d'ailleurs percées à des distances régulières. Cependant les nombreuses ouvertures du château ne se font pas équilibre, et les meutrières en haut déparent l'ensemble; mais on ne sau- rait méconnaître le but que s’est proposé l'architecte. C’est encore le chancelier Johan Friis qui a fait bâtir Borreby (pl. 28—35); d'après le millésime gravé sur la plaque de la tour d'escalier, la construction du château fut commencée en 1556. Le bâtiment principal, reposant, tout comme celui d’Egeskov, sur un socle de pierre, faisant le tour du château, n'est pas d’un plan aussi clair; en revanche il se distingue par un grand nombre de détails somptueux. L’architecte de Borreby n’a pas entrepris la division des parements des murs par l’ouver- ture régulière des fenêtres, comme on l'a essayé à Egeskov, mais on a appliqué au-dessus de chaque fenêtre un arc elliptique. Il a été fait usage de briques moulées, non seulement pour la moulure qui, au-dessous des fenêtres du deuxième étage, con- tourne le château tout entier, mais aussi pour les moulures divisant la partie supérieure des tours et des pignons. Le plan a été enrichi d’une nouvelle tour du côté d’une des facades, trait nouveau et caractéristique, précurseur de l’avenir; et tandis que les tours d’angle d’Egeskov sont rondes, celles de Borreby sont carrées. Il est vrai que l’effet des grosses tours d’angle flanquant les murs plans se perd, mais on obtient en re- vanche un avantage. Tandis que les tours d’angle de Hessel- agergaard et d’Egeskov n'étaient couvertes que de simples poivri- ères, les tours carrées de Borreby se terminent en pignons. Ainsi le château se distinguait non seulement par les deux pignons principaux, mais encore par six autres pignons décoratifs. 78