Danske Herreborge Fra Det 16de Aarhundrede
Forfatter: Francis Beckett
År: 1904
Forlag: Gyldendalske Boghandel - Nordisk Forlag
Sted: Kjøbenhavn
Sider: 152
UDK: Folio 72(489)Bec
Kunstakademiets Opmaalingsarbejder
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Ce que le château de Hesselagergaard a de plus curieux
au point de vue décoratif et architectural, ce sont les deux
principaux pignons et surtout le pignon est. Si, par les détails
décoratifs de la Renaissance, on entend des formes empruntées
à l’art antique, il faut avouer que, seule la corniche à redents,
entre les deux retraites, a un prototype antique. Mais personne
ne saurait à juste titre appliquer le nom de gothique au pignon.
Tandis que les pignons gothiques les plus récents ne tendent
qu’à remplir le parement, le pignon se présente comme une
sorte de pseudo-architecture en deux étages, et si, dans ce cas,
non seulement la verticalité, mais encore l’horizontalité sont si
accentuées, on sent l’approche de la Renaissance.
Le prototype éloigné de ce pignon est sans doute le
célèbre portail, couvert de marbre et d’un effet si agréable, de
la porte principale de la Scuola di San Marco à Venise (1485).
Toutefois ce portail vénitien a été imité de bonne heure au
delà des Alpes. Dans la contrée située entre le Wéser et l’Ems,
sur une ligne tirée de la petite ville de Stadthagen, à l'est, à
Münster, à l’ouest, on trouve, datant de la première moitié du
16e siècle, une série de pignons à redents décorés, ressemblant
généralement aux pignons de Hesselagergaard. Pourtant, sur la
partie inférieure du Wéser, à Brême, on trouve, 33 Wacht-
strasse, une maison dont le pignon (fig. 8) a une ressemblance
incontestable avec ceux de Hesselagergaard. Peut-être l’archi-
tecte qui a exécuté les pignons de Hesselagergaard a-t-il connu
ce pignon de Brême, ou d'autres analogues, peut-être est-il
originaire des contrées d’Allemagne où se trouvent des pignons
de ce genre.
Johan Friis pouvait à juste titre être fier de ses pignons.
Il les a reproduits moins accusés à la tour carrée d’escalier,
couronnée peut-être à l’origine d’une coupole. Du reste, il y a
une tendance marquée à bâtir autant de pignons décoratifs
que possible, pouvant donner à l’édifice un caractère gai et
imposant. Cependant on ne saurait nier que les pignons luxueux
du bâtiment principal n’empiètent pour anisi dire sur les tours
d’angle, trop chétives, alors qu'elles devraient être des sentinelles
avancées et fortes; d’autre part la tour d’escalier est un peu trop
lourde et massive proportionnellement à l’édifice même. En
somme Johan Friis, ou son architecte, ont eu plutôt l’intelligence
des bons détails que celle de la fusion de ces détails pour en
créer un tout d’un effet énergique et harmonieux. Les fenêtres
sont percées assez irrégulièrement dans les parements des murs,
et, comme à Rygaard, ceux-ci sont brisés par les latrines extéri-
eures. Sur la vue du château, de 1800, reproduite dans la
figure 5, on voit encore deux latrines extérieures de ce genre.
Celui à qui revient l'honneur d'avoir construit Egeskov
(pl. 21—27) — que ce soit le propriétaire, Frants Brokkenhus,
sénéchal du royaume, ou son architecte — a eu une intelli-
gence bien plus claire de l’effet produit par l’ensemble. Il a
su subordonner les détails à l’ensemble, de manière à ne per-
mettre à aucun des détails d’empiéter sur un autre. D'après
une vieille indication, le château a été construit en 1554; à la
dernière restauration de l'habitation seigneuriale, faite sous les
auspices de l’architecte suédois Helgo Zettervall, cette date a
été inscrite au moyen de chiffres de fer sur la face latérale
nord de l’édifice. Les deux beaux pignons, encadrés de grès,
surmontant la face sud (pl. 27) qui ne peuvent remonter à
une époque antérieure à la fin du 16e siècle, disparurent à
cette occasion, et les pignons furent rebâtis conformément aux
pignons nord; c’est que notre époque est désireuse de ré-
gularité.
Egeskov est le plus considérable et le plus majestueux
des châteaux forts danois. C’est ici qu'on a bien calculé les
proportions entre les tours d’angle, d'une saillie hardie et forte,
et les pignons décoratifs, et ici la grosse tour carrée d’escalier
semble une sentinelle placée devant l'une des façades sans
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peser sur elle. Percé partout de meurtrières, dressant fièrement
ses pignons de luxe et menaçant de ses tours, l’édifice donne,
à sa manière, une image incomparable d’orgueil et de force
chevaleresques, et l'on est autorisé à supposer qu’il répondait
parfaitement à l’âme autoritaire et guerrière du propriétaire.
Il se compose d’une maison large, à double toit et à doubles
pignons extrêmes, il paraît donc composé de maisons faisant
corps. On trouve de cette période, dans le Holstein, des
échantillons d'un bâtiment couvert d’un ou de plusieurs toits
disposés dans le sens longitudinal des maisons, et l’influence
du Holstein s’est probablement fait sentir à Egeskov. Cependant,
dans les monuments du Holstein, l’entrée est placée à la face
surmontée du pignon; à Egeskov on a cependant adopté l'ar-
chitecture du Holstein d’une manière originale, et on l’a appli-
quée de propos délibéré. L'espace est en effet deux fois plus
grand, tandis que la circonférence n'a été augmentée que de
deux faces latérales et, en divisant en deux ces faces, on est
parvenu à éviter que les pignons décoratifs n’empiètent sur les
tours d’angle. En ajoutant à ces quatre pignons les pignons
primitifs de la tour d’escalier on obtient sept pignons décoratifs.
Deux rangées d’arcatures font le tour de tout le monu-
ment, sans être interrompues — comme on le voit en partie
à Rygaard et à Hesselagergaard — aux faces latérales, et ici le
demi-étage supérieur — dont les arcs reposent sur des corbeaux
en briques moulées — n'est que peu saillant. On évite par là le
caractère lourd et surplombant que le demi-étage donne aux
autres châteaux forts. Mais en outre des deux rangées d’arca-
tures, et sous les fenêtres du premier étage, deux moulures min-
ces et profilées font le tour de l’édifice, et celui-ci repose sur un
socle en pierre contournant le bâtiment. Grâce à l’horizontalité
de leurs lignes, ces moulures et ces rangées d’arcatures rendent
plus large l’aspect de l’édifice et lui donnent un catactère de force
massive. De plus on a cherché à diviser les parements des murs
à l’aide des fenêtres, en les ouvrant verticalement les unes au-
dessus des autres, tandis qu'on a essayé de balancer harmoni-
eusement les proportions de grandeur entre les fenêtres de l’édi-
fice même et les fenêtres de dimensions plus petites dans les
tours; aux murs latéraux et à la façade d’entrée, les fenêtres
sont d'ailleurs percées à des distances régulières. Cependant
les nombreuses ouvertures du château ne se font pas équilibre,
et les meutrières en haut déparent l'ensemble; mais on ne sau-
rait méconnaître le but que s’est proposé l'architecte.
C’est encore le chancelier Johan Friis qui a fait bâtir
Borreby (pl. 28—35); d'après le millésime gravé sur la plaque
de la tour d'escalier, la construction du château fut commencée
en 1556. Le bâtiment principal, reposant, tout comme celui
d’Egeskov, sur un socle de pierre, faisant le tour du château,
n'est pas d’un plan aussi clair; en revanche il se distingue par
un grand nombre de détails somptueux. L’architecte de Borreby
n’a pas entrepris la division des parements des murs par l’ouver-
ture régulière des fenêtres, comme on l'a essayé à Egeskov, mais
on a appliqué au-dessus de chaque fenêtre un arc elliptique.
Il a été fait usage de briques moulées, non seulement pour la
moulure qui, au-dessous des fenêtres du deuxième étage, con-
tourne le château tout entier, mais aussi pour les moulures
divisant la partie supérieure des tours et des pignons. Le plan
a été enrichi d’une nouvelle tour du côté d’une des facades,
trait nouveau et caractéristique, précurseur de l’avenir; et
tandis que les tours d’angle d’Egeskov sont rondes, celles de
Borreby sont carrées. Il est vrai que l’effet des grosses tours
d’angle flanquant les murs plans se perd, mais on obtient en re-
vanche un avantage. Tandis que les tours d’angle de Hessel-
agergaard et d’Egeskov n'étaient couvertes que de simples poivri-
ères, les tours carrées de Borreby se terminent en pignons. Ainsi
le château se distinguait non seulement par les deux pignons
principaux, mais encore par six autres pignons décoratifs.
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