Danske Herreborge Fra Det 16de Aarhundrede
Forfatter: Francis Beckett
År: 1904
Forlag: Gyldendalske Boghandel - Nordisk Forlag
Sted: Kjøbenhavn
Sider: 152
UDK: Folio 72(489)Bec
Kunstakademiets Opmaalingsarbejder
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Les trois corps de logis moins élevés, les ailes latérales, et
l’aile où se trouve la porte, sont au contraire d’une époque
plus récente; c’est ce qui résulte, entre autres choses, du fait
que, tandis que les trois ailes font corps ensemble, elles ne
font pas corps avec le bâtiment principal dont les deux rangées
d’arcatures peuvent être aperçues derrière les ailes latérales, et
dans l’aile latérale ouest on trouve une cheminée primitive
dont le profil n'est plus gothique, mais du style Renaissance.
Probablement les trois corps bas ont été construits avant
1549, car le propriétaire d'alors, Christophe Urne, fut empri-
sonné de 1549 à 1562. Les deux tours d’escalier cylindriques
ont été ajoutées plus tard; on peut conclure par leur élévation
qu’elles sont d’une époque plus récente, car on ne faisait
nullement usage de ces tours hardies au 16e siècle; on en voit
d’ailleurs l’origine plus récente de ce que les rangées d arca-
tures se poursuivent derrière elles; elles sont donc d une époque
plus récente que l’habitation seigneuriale et les trois corps de
logis bas. Suivant un vieux rapport, le château de Rygaard fut
reconstruit en 1593; or, si l’on voulait ajouter foi a ce rap-
port — dont au moins les termes sont inexacts — on pourrait
supposer qu’il se rapporte aux tours d’angle de la cour.
L’année 1593 se rapporterait, en ce cas, très bien au caractère
des tours; le château de Rygaard était alors la propriété de
Niels Bild, seigneur de Ravnholt, homme très considéré, par-
faitement apte à faire construire quelques tours (la figure 3
donne une reproduction de l’escalier en bois de la tour d angle).
Ce qui donne au château de Rygaard un aspect particuli-
èrement imposant, ce sont les grands pignons étagés et décorés
de l’habitation seigneuriale. Par leurs renfoncements découpés
et leurs séries de redents, ils sont un bel échantillon de pig-
nons de luxe en briques datant du déclin du moyen âge, et
tels qu’on peut les trouver dans les églises, les clochers, les
couvents et les monuments entièrement civils de la fin du
quinzième siècle et du commencement du seizième. D ailleurs
le château — qui na jamais subi de restauration radicale en
général, et l’habitation seigneuriale en particulier, sont d un aspect
extrêmement pittoresque. Les corbeaux en pierre grise sculp-
tée portent les arcatures supérieures, tout en produisant un
certain effet sur les murs rouge brun et, a la façon du moyen
âge, les fenêtres ne divisent pas les parements en parties ré-
gulières; elles sont percées un peu au hasard, ne suivant
même pas de lignes horizontales. L effet produit par les latrines
extérieures — effet qu’on n’a guère eu en vue — doit avoir
été assez curieux; elles étaient adossées au mur comme des
garde-manger.
Selon une plaque (pl. 20) le château de Hesselagergaard
a été bâti en 1538 par le chancelier Jean Friis; toutefois
l’habitation n’a sans doute été achevée, sous la forme que
nous connaissons, qu une vingtaine d années plus tard. Le
plan, comparé à l’habitation seigneuriale de Rygaard, se trouve
enrichi de (adjonction d une tour d escalier massive et carrée,
située devant (une des façades; cette tour donne seule accès a
(édifice qui est flanqué aux angles de tours polygonales, plus
chétives, situées devant (autre façade. C est évidemment le
principe de la fortification de l’enceinte moyennageuse, appliqué
au bâtiment rectangulaire; les châteaux forts suivants ont adopté
cette particularité; eux aussi sont pourvus de tours d escalier,
et flanqués de tours aux angles. Il n'est pas difficile de voir
comment on pouvait défendre, contre les assauts, un chateau
fort de ce genre. Arrivé à une certaine distance, 1 ennemi
était reçu par des balles tirées par les meurtrières du demi-
étage, mais parvenu au pied des murs, il n’était plus possible
de l’atteindre par les meurtrières; c’est alors qu’on avait re-
cours aux mâchicoulis inclinés vers le bas; il y avait moyen
de verser de l’eau bouillante et d’autres liquides sur les enne-
mis placés au pied du bâtiment, de même qu'on pouvait —
et c’est là (avantage de la tour d’escalier et des tours d angle
de pouvoir servir de bastions — soumettre (ennemi aux pro-
jectiles lancés des tours. On domine de la tour d escalier l une
des façades, des tours d’angle l’autre façade et les deux faces
latérales.
Il ne faut pas s’étonner de voir (habitation seigneuriale
purement moyennageuse comme celle de Rygaard munie des
meutrières du moyen âge; on ny trouve pas encore de mâ-
chicoulis; ce qui est plus curieux, c est que les châteaux forts,
construits à une époque où, dans le reste de 1 Europe, les châ-
teaux commencent à prendre la place des chateaux forts,
continuent à garder non seulement les chemins de ronde
et les meurtrières, mais y ajoutent encore les mâchicoulis et
enrichissent le plan de tours d’escalier et de tours d’angle.
L’explication doit être cherchée dans les conditions particulières
au Danemark. Pendant la „guerre du comte“ (I534—i536),
dans la plus grande partie du pays, le peuple s était révolté
contre la noblesse; il pillait et incendiait les habitations des gen-
tilshommes, partout où il pouvait y parvenir, et aucun gentil-
homme ne se trouvait en sureté, tout au moins en ce qui
concernait ses biens. C’est ainsi que dans 1 île de fionie, où se
trouvent les châteaux de Hesselagergaard, d Egeskov, de Nakke-
bælle et d’Œrbaeklunde, le peuple avait pris et incendié le
château d’Œrkel, il s’était emparé du couvent de Dalum, des
châteaux de Naesbyhoved et de Hagenskov et du palais épis-
copal d’Odensée, et comme nous venons de le rapporter, le
château de Rygaard avait été pris et pillé. Se souvenant de
ces événements récents, la noblesse avait tout lieu de veiller,
non seulement à ce que ses châteaux fussent a 1 abri d une
surprise, mais encore à ce qu’on pût résister a une attaque et
y parer de (habitation seigneuriale même.
On a voulu recevoir de bonne façon ces bandes popu-
laires ravageant le pays pendant la „guerre du comte". Il est
évident, au contraire, qu’on n’a pas eu (idée de pouvoir
résister à une attaque d’une armée régulière. Quelques epaisses
que fussent les murailles, elles ne pouvaient résister au canon
de gros calibre d’alors, car nous sommes déjà à une epoque
où le principal point de défense n était plus les murs, mais
les bastions. Cependant ces châteaux forts peuvent facilement
tenir tête à un attroupement de paysans mal armés; une tentative
de s’emparer des châteaux serait d un effet ruinant pour une
bande, armée uniquement d’armes portatives. Les châteaux
forts sont pour ainsi dire des poings fermés, menaçant le peuple,
et uniquement celui-ci. On ne peut douter, qu’en cas de nécessité,
(effet n’en fût terrible, mais il est hors de doute aussi que les
conditions du temps eurent pour conséquence que les menaces
ne furent jamais suivies de violences.
Cependant, dans le courant des années, le souvenir de
l’époque troublée et dangereuse de la „guerre du comte“
s’effaçait. Les propriétaires étaient moins soucieux toutes les
fois qu il s agissait de batir; ils n avaient plus à craindre les
paysans révoltés. C’est ce qui ressort d une manière carac-
téristique d’un détail particulier. A Borreby et a Nakkebælle
la porte extérieure de la tour d’escalier n'est plus placée au
côté extérieur de la tour, mais à 1 un des cotés; il en était
primitivement de même à Hesselagergaard et a Egeskov. Celui
qui, se trouvant devant la porte, cherchait a pénétrai dans
(habitation seigneuriale, était dominé par les mâchicoulis du
bâtiment. A Œrbaeklunde, le plus récent en date des chateaux
forts, achevé en 1593, la porte extérieure s est toujours trouvée
à son emplacement actuel: à la façade de la tour d escalier.
On ne s’est pas soucié de dominer 1 accès direct a 1 habitation
seigneuriale. Chose significative, le chateau d Œrbaeklunde
possède l’encorbellement et le demi-étage, mais il nj a jainais
eu de mâchicoulis. L'ancien systeme n est plus qu un décor
1apparent.
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