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NAPOLEON I».
canons de Bologne et de Ferrare, auxquels vinrent se joindre les Canons de la citadelle de Milan, rendue le 29 juin.
Tant de gloire, tant de travaux et de préoccupations n’empéchaient pas Bonaparte d’écrire å Joséphine, restée il Paris, de nombreuses let-tres passionnées et pressantes. « Tu es malade, écrivait-il le 15 juin. Je t’accuse, tu m’aimes, je t’ai affligée et je ne te vois pas. Cette idée me confond... Je t’accuse de rester å Paris et tu y étais malade; par-donne-moi, ma bonne amie; l’amour que tu m’as inspiré m’ote la raison, je ne la retrouverai jamais : on ne guérit pas de ce mal-lå. »
A la fin de juin, Joséphine rejoignait enfin Bonaparte å Milan. C’est lå qu’elle lui présenta un jeune artiste frangais qu’elle avait rencontré a Genes, vivant péniblement en faisant des miniatures et des portraits au crayon. Il s’appelait Jean-Antoine Gros. Bonaparte l’attacha å son état-major avec le titre d’officier. Le jeune peintre se rendit fort utile par la connaissance rapide qu’il acquit de la langue italienne, et bientöt on lui donna le grade d’inspecteur aux revnes, dont il eut simplement le titre, la solele et l’uniforme, mais jamais les fonetions. Il fut un des commissaires chargés cle faire le choix des æuvres d’art que les traités nous avaient accordées.
Quelques jours aprés, Bonaparte ouvrait la tranchée devant Mantoue. Il écrivait le jour méme å Joséphine, restée å Milan : « J’ai passé toute la nuit sous les armes, j’aurais eu Mantoue par un coup hardi et lieu-reux, mais les eaux du lac ont prompteinent baissé, de sorte que ma colonne, qui était embarquée, n’apas pu arriver. Ce soir, je recommence d’une autre maniére; mais cela ne donnera pas des résultats aussi sa-tisfaisants; » et il ajoute : « Je suis fort inquiet de savoir comment tu te portes, ce que tu fais; j’ai été dans le village cle Virgile, sur les bords du lac, au clair argentin de la lune, et pas un instant sans songer å Joséphine.» Puis, revenant au siége de Mantoue : « L’ennemia fait, le 28, une sortie générale : il nous a tué ou blessé deux cents hommes, il en a perdu ,cinq cents en rentrant avec précipitation... Trois régi-ments napolitains sont arrivés å Brescia; ils se sont séparés de l’armée autrichienne, en conséquence de la convention que j’ai conclue avec M. Pignatelli... » Ailleurs il s’excuse d’avoir ouvert deux lettres qui