L’ARMÉE ROYALE ET LES VOLONTAIRES EN 1792.
115
la confiance et l’héroique fortune qui pouvaient seuls la sauver. Elle les trouva; elle les trouva non pas une fois et dans une heure d’exaltation, mais pendant vingt-cinq ans. Soit qu’elle prévint oa qu’elle attendit les desseins de l’Europe, jamais, durant un quart de siécle, elle ne fut au-dessous de la tåche d’un peuple qui se défend contre tons. Il fallut que la nature s’armåt contre elle en moissonnant d’un seul coup toutes ses vieilles bandes, et encore n’eüt-elle pas succombé, si les circonstances intérieures de sa vie lui eussent laissé la méme foi et la méme ardeur qu’au commencement de cette gigantesque lutte (1). »
Cependant les armées solides ne s’improvisent pas, et ces volontaires n’auraient pu, malgré leur enthou-siasme, résister longtemps å des armées exercées et bien dirigées. Ils avaient le courage et la confiance; mais ils étaient turbulents, indisci-plinés, quelque peu fanfarons, et voulaient apporter au milieu des camps les théories et les allures des clubs. Leurs généraux, officiers de l’ancien régime, n’épargnérent pas les rigueurs pour les soumettre aune discipline exacte, et Dumouriez écrivait, en parlant des fédérés de Paris, qu’il avait menacés des peines les plus sévéres: « Je leur tiendrai
Fig. 42. — Le Francis moderne (gravure alleniande).
parole et ne les raterai pas. Si je ne prenais ce parti, ils ruineraient mon armée et finiraient par nie pendre; ce que je ne suis pas du tout
d’humeur å endurer. »
L’armée royale fut lå pour repousser le premier clioc de la coalition; ses régiments de ligne encadrérent et soutinrent les volontaires, qui du premier coup conquirent å Valiny une réputation qu’ils confirmérent a Jemmapes.
L’armée royale, qui contenait tant de sous-officiers iiitelligents
(1) Lacordaire, Oraisonfunebre du général Drouot.