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NAPOLEON Ier.
auxquels leur origine plébéienue interdisait tout espoir d’avancement, avec plus de rigueur méme å la fin du dix-huitiéme siécle que sous Richelieu ou Louis XIV, l’armée royale avait accueiHi avec entliou-siasme les reformes de 1789; elle était bienaussi l’armée de la France nouvelle, et c’est sous sa protection que la jeune armée put se former.
La rapidité avec laquelle les volontaires devinrent de véritables soldats montre bien leur valeur, malgré les justes reproches qu’ils avaient parfois mérités. « Aussi, dit M. de Broglie, les principes de la Revolution vinrent en aide au succés de ses armes, mais ce fut en transformant des armées existantes, non en rmprovisant par une vertu créatrice que per-sonne ne posséde des armées qui n’existaient pas. »
Les volontaires ne suffisant pas, la population de la France « fut mise en réquisition permanente », la levée en masse fut décrétée. Une mesure excellente de Carnot, que l’on appela Tamalgame, réunit les nouveaux soldats réquisitionnaires et volontaires avec les anciens régiments. Les régiments furent supprimés et remplacés par les demi-brigades, qui, au lieu de recevoir comme les régiments des noms particuliers de provinces ou de colonels, ne furent plus désignés que par des numéros; peu importait, plusieurs de ces numéros se rendirent bientot célébres.
« Ce n’est pas avec des hommes levés å, la håte, dit M. Thiers, que l’on fait des cava-liers, des artilleurs, des sapeurs du génie; mais dans un pays essentiellement militaire, qui a l’orgueil et la tradition des armes, on peut en. faire des fantassins. Ces fantassins, incorporés dans les demi-brigades å ce qui restait de la vieille armée, lui apportant leur audace, lui prenant son organisation, se jetérent d’abord sur l’ennemi en adroits tirailleurs, puis le culbuterent en le chargeant en masse ä la baionnette. Avec le temps, ils apprirent ä manæuvrer devant les armées les plus manæuvriéres de l’Europe, celles qui avaient été formées å l’école de Frédéric et de Dann; avec le temps encore, ils fournirent des artilleurs, des cavaliers, des soldats du génie et acquirent la disei-pline qu’ils n’avaient pas d’abord : conservant, de leur premier élan, l’audace et la mo-bilité, ils composérent bientot la premiere armée du monde. »
Jusqu’en 179G, c’était l’armée du Rhin qui avait été cette premiére armée du monde.
« Les soldats frangais, dit le maréchal Soult, qui était alors sous-lieutenant au ba-