LE PATRIOTISME.
121
L’abbé Cognet quitte le séminaire et s’engage pour assurer la sé-curité de sa famille. Une fois soldat, non settlement il accomplit son
Fig. 45. — Officier et soldats d’infanterie. D’aprés un recueil d’uniformes å la Bibliothéque nationale.
devoir avec exactitude, mais avec un entrain qu’anime l’amour de lapatrie et meine l’amour du drapeau et du réginient. Son congé fini, malgré l’avancement brillant qui s’ouvre devant lui, il revient å ses études, réalise le pieux projet qu’il n’a jamais abandonné et meurt chanoine de Soissons. « C’est une figure originale, dit M. Ernouf, que celle de ce volontaire de laRépublique frangaise, qui ne craint pas plus de s’agenouiller dans une église profanée que de braver la mitraille, et qui, portant toujours sur lui le Nouveau Testament, n’en combat que plus vail-lamment sous le drapeau tricolore. »
On trouve eet élan patriotique méme hors des champs de bataille, cliez ceux qui n’ont pas l’excitation des armes et le sentimerit d’un dé-vouement utile pour leur faire oublier leurs griefs. L’helléniste allemand Hase, lorsqu’il vint en France, å la fin du Directoire, en fut frappé. « Mon
höte, écrit-il de Verdun, est un zélé dévot, surtout un. enuemi de la République; néanmoins lui et sa femme se réjouirent énormément quandils virent quej’étais instruit de la marche de la guerre et des faits de l’armée. La Revolution nous a appauvris, disaient-ils, mais les armées se sont bien comportées; elles ne se sont pas battues pour la République, mais pour la patrie. Vivent nos demi-brigades. » Quelle que soit 1’opinion que l’on professe sur cette période si troublée et encore si discutée, on peut hardiment redire avec ces braves gens : Vivent nos demi-brigades. « Le patriotisme, en eßet, dit Gouvion Saint-Cyr, suppléa å tout; lui seul nous a donné la victoire, et la victoire a pourvu nos plus indispensables besoins.»
NAPOLEON Ier. 16