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NAPOLEON I".
Mais une derniére position défensive restait å l’archiduc Charles, la ligne des Alpes de Styrie, qui ne présente qu’un seul passage important, le col de Neumark, l’ancienne Noreia, ou avait eu lieu, en 140 avant J.-C., le premier choc des Romains et des invasions germaines.
L’archiduc vouhit y tenter un dernier effort. Il avait été rejoint par quatre divisions; mais que faire avec des troupes, braves il est vrai, mais découragées, contre les Frangais ou tout contribuait a amener des merveilles? Les soldats de la 2e légére, qui venaient du Rhin, piqués de s’entendre appeler le contingent, par allusion aux troupes des petits princes germaniques qui n’avaient pas une réputation militaire bien relevée, défiérent les vieux soldats cle l’armée d’Italie d’aller aussi vite et aussi loin qu’eux et abordérent au pas de charge la premiére ligne ennemie. Pour gagner quelques jours, l’archiduc essaya encore vaine-ment de défendre la position d’Unzmark (3 avril). On se battit au milieu des nuages dans des gorges épouvantables.
Le 7, Bonaparte était å Leoben. L’archiduc Charles se décida å. lui envoyer son chef d’état-major, Bellegarde, pour traiter d’une suspension d’armes. Bonaparte signa avec l’Autriche les préliminaires de Léoben sur les bases que devait confirmer le traité de Campo-Formio, et ou il était déjå convenu que l’Autriche s’indemniserait de ses pertes aux dépens du territoire vénitien. Il avait signé ces préliminaires sans avoir les pouvoirs, que possédait seul le général Clarke, chargé par le Directoire des négociations avec l’Autriche. Mais Clarke était å Turin, et Bonaparte ne l’attendit pas. Il savait combien la paix était désirée par la France, et méme par l’armée. Il savait que ce role de pacificateur contribuerait au moins autant que ses victoires å sa popularité. Croyant faire quelque chose d’agréable au général en chef frangais, les plénipo-tentiaires autrichiens avaient mis pour premier article du traité que l’empereur reconnaissait la République frangaise; mais Bonaparte fit effacer cette déclaration : « La République, dit-il, est comme le soleil, qui luit cle lui-méme; les aveugles seuls ne le voient pas. » Il ajoute dans ses Mémoires cette réflexion caractéristique : « Cette reconnais-sance était nuisible : car si, un jour, le peuple f rangais voulait faire une monarchie, l’empereur pouvait clire qu’il avait reconuu la République. »