REPUBLIQUE CISALPINE. — ILES IONNIENNES. 135
et tendres langueurs furent remplacées par des exercices militaires, les chants d’église ou d’amour par des cliants de guerre. »
Bonaparte fut aussi appelé å régler le sort de la Valteline, cette cé-lébre vallée supérieure de l’Adda qui avait si souvent occupé la po-litique européenne. Les habitants de la Valteline, Italiens de langage et de race, relativement riches et éclairés, étaient encore traités en pays conquis, opprimés et exploités par les Grisons protestants pauvres et grossiers. Révoltés en mai 1797, ils adressérent un manifeste aux puissances; puis ils sollicitérent les secours de Bonaparte pendant que les Grisons lui demandaient de leur coté de les aider å faire rentrer les Valtelins dans l’obéissance.
En principe, le gouvernement de Milan était investi du droit de garantie de la Valteline. Bonaparte pouvait étre considéré alors comme représentant le gouvernement de Milan. Il proposa aux deux parties de s’arranger å l’amiable en formant une quatriéme ligue grise avec la Valteline. Les Grisons refusérent avec indignation cette proposition modérée et juste. Bonaparte cita les deux parties å comparaitre clevant lui. Les Grisons n’envoyérent point de députés pour défendre leurs droits. Bonaparte obéissant aux voeux unanimes des Valtelins, les réunit å la République cisalpine. C’est depuis lors que ce petit pays a toujours suivi le sort du Milanais. En meme temps, les Frangais continuaient de s’affirmer sur l’Adriatique. Au mois d’aoüt, Bonaparte fait occuper les iles loniennes. Dans la lettre ou il annonce cette conquéte au Directoire, il rappelle que l’ile de Corfou, qu’il appelle Corcyre, fut le séjour de la princesse Nausicaa, et il ajoute « que le citoyen Arnaud a été chargé de planter le dra-peau tricolore sur les débris du palais d’Ulysse ». Ces souvenirs classiques, cette foi en Homere, sont bien d’un contemporain du peintre David.
Au voisinage des troupes frangaises, les esprits commencent å s’a-giter dans la Gréce, courbée sous un despotisme de plus de trois siécles. Une correspoudance s’établit entre -Bonaparte et les chefs mainotes, et il fut aussi en relations avec le poéte Rhigaz.
Bonaparte était également attentif å ce qui se passait å Paris. Le