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NAPOLEON Ier.
nobles qu’on avait fait entrer dans Fordre pour leur créer une exis-tence. L’ordre n’avait plus sa raison d’étre; il n’était plus meme capable d’entraver les pirateries des Barbaresques. De plus, malgré les obligations consenties au moment de la cession de l’ile aux Chevaliers de Saint-Jean, les priviléges des habitants avaient été odieu-sement violés et, å mesure qu’ils clevenaient moins redoutables aux inficléles, ils devenaient plus oppressifs pour leurs sujets. Néanmoins, quoique l’institution fut complétement usée et que tout esprit militaire fut éteint depuis déjå longtemps, les formidables fortifications de la place pouvaient permettre å une centaine d’hommes déterminés de tenir longtemps en écliec une armée entiére. Bonaparte, avant d’en venir å un siége en régle, voulut sonder les dispositions du grand maitre, Hompesch. 11 lui demanda la faculté de faire de l’eau pour sa flotte; mais le grand maitre objecta les reglements de l’ordre, qui n’acceptaient pas plus de deux vaisseaux å la fois dans un port de File. Le refus équivalait å une déclaration de guerre, car les Anglais avaient eu, quelque temps auparavant, cette permission qu’on refusait maintenant aux Frangais. Anssi Bonaparte donna ordre a une partie de ses troupes de débarquer; les assiégés répliquferent par une canonnade bien nourrie mais mal clirigée et sans effet. Aprés un simu-lacre de défense, le grand maitre envoya ses chargés de pouvoir pour traiter : File, la place de LaValette, les arsenaux devaient etre remis aux Frangais, 30.000 francs de pension étaient donnés en retour au grand maitre et 700 francs ;'i tous les Chevaliers d’origine frangaise. Le 10 juin, le drapeau de la République flottait sur les remparts de La Valette, Bonaparte déclarait l’ordre de Saint-Jean aboli, interdisait le port d’armoiries et d’unifonne, affranchissait 600 esclaves qu’il renvoyait dans leurs pays respectifs, créait des écoles primaires, une école centrale, clonnait å File (organisation frangaise. Ainsi, en deux jours ce coup audacieux avait réussi et nous etions maitres d’une des plus formidables positions d’Europe, sans avoir perdu 50 soldats. Le général Caffarelli Dufalga, visitant les ouvrages de défense, était lui-méme tellement frappé de leur supériorité, qu’il disait : « Il est bien heureux qu’il y ait eu quelqu’un dans la place pour