LE CAIRE.
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de son général un superbe sabre orné de pierreries sur lequel on avait gravé ces mots : (( Conquéte de l’Egypte ».
Pendant ce temps, Bonaparte avait fait son entrée au Caire, dans cette brillante capitale arabe qui s’élevait å coté des ruines de la grande ville des premiers pharaons. Les mamelouks avaient su l’eni-
bellir des antiques co-lonnes de Memphis. De nombreuses mosquées s’y faisaient remarquer par leur richesse et leur grandeur; la ville possédait une école ou l’on ensei-gnait la philosophie d’A-ristote et du Coran å plus de quatorze mille étu-diants venus de toutes les parties de 1’Arabie et de l’Égypte. Dans les temps des grandes eaux, toutes les places du Caire deve-naient de vastes lacs ou se réfléchissaient les lu-miéres des maisons; les
cafés et les bains de vapeur étaient installés en grand nonibre. Les rues étaient étroites, mais les maisons, båties å l’indienne, présentaient des vitrages de couleurs qui formaient un spectacle interessant et original pour un æil européen.
Ce fut lå que Bonaparte, aprés avoir mis tant d’activité å cohquérir, n’en mit pas moins å organiser sa conquéte, et s’exerga å son futur métier de chef d’empire. Il chercha å s’attacher par la reconnaissance les populations qu’il avait vaincues par la force. Déjå il avait fait mettre en liberté les sept cents esclaves musulmans qu’il avait trouvés å Malte. Dés le lendemain de son arrivée, il composa un divan des personnes les plus respectables de la ville, et, persuadé que le meilleur moyen de