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LEVEE DU SIEGE DE SAINT-JEAN D’ACRE.
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bataille d’Issus, je me faisais empereur d’Orient, et je revenais å Paris par Constan-tinople. »II accompagna ces derniers mots d’un sourire, comme pour indiquer qu’il se laissait entrainer å nous rappeler Tun desjeunes reves de son Imagination conquérante; réve qui, toutefois, se serait vraisemblablement réalisé, puisque, seion d’irrécusables témoignages de Voyageurs alors presents dans le Liban, cent mille chrétiens l’avaient attendu de ce cöte, l’appelant de tons leurs væux, et préts, au signal de la prise d’Acre, å. venir se joindre å ses armes! »
Ce n’était pas la un projet fait aprés coup pour se grandir dans I’es-prit de ceux qui l’écoutaient. Pendant le siege méme de Saint-Jean d’Acre, il disait å Andréossy, qui remplagait momentanément auprfes de lui Berthier alors malade : « Si nous prenons la ville, je marche sur Cons-tantinople et je suis empereur d’Orient. » Il fallait renoncer åce réve. Pour Tippou-Saib, ses relations avec Bonaparte ne firent que håter sa chute en augmentant les inquiétudes des Anglais et en les décidant å faire contre le sultan du Maissour de plus grands efforts. Tippou-Saib fut frappé mortellementsur les remparts de sa capitale, assiégéepar les généraux Harris et Stuard (4 mai 1799), et la Suprematie des Anglais sur le Maissour fut assurée.
Cependant, aprés son échec de Saint-Jean d’Acre, Bonaparte s’était håté de revenir en Egypte, ou se montraient des symptomes de soulé-vement et oii l’arrivée de l’armée turque que le sultan avait fait équi-per å Rhodes paraisait imminente. Aprés les fatigues de la Campagne de Syrie, les soldats rentraient avec plaisir dans un pays qui com-mengait å etre pour eux comme une seconde patrie. Plus liabitués å supporter la chaleur qu’au début cle la Campagne, ils trouvaient en-core å plaisanter en traversant les sables du désert de Syrie, avec une température de 34 degrés Reaumur (42°,5 centigrades) : « Le général, disaient-ils, nous a promis å Toulon six arpents cle terre a chacun, il peut nous en. donner ici å discrétion, nous n’en abuserons pas. » Bonaparte campa sur les ruines de Césarée, visita les pestiférés de Jaffa et fit sauter les fortifications de la ville. Il laissa une forte garnison å El-Arish, dont la possession assurait la clomination sur le désert de Syrie, et revint au Caire, qu’il retrouva dans une situation florissante; l’Institut était en pleine activité; on augmentait les défenses de toutes les grandes villes. Sa présence vint donner une