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NAPOLEON I".
la Fédération. Cette liauteur d’inspiration. n’a pas diminué sous le Directoire., comme en témoigne 1’Hymne funébre sur la mort du général Hoche, composé par Chérubini sur les paroles du poéte officiel de la Révolution, Joseph Chénier. C’est toujours la Marseillaise de Rouget de l’Isle, c’est le Chant du Départ de Méhul, moins pas-sionné, mais plus noble et d’un patriotisme plus général, qui excitent et soutiennent nos soldats au milieu des batailles. Les musiciens gra-cieux qui venaient de créer le genre frangais de l’opéra-comique en-flent leur voix. Grétry laisse lå Babet ou Colombine et écrit un Guillaume Teil (1791) avec l’ancien librettiste de Rose et Colas, Sedaine. La chanson de Roland, épisode du livret de Guillaume Teil, qui nous parait bien naif, fut populaire avec son refrain :
Mourons pour la Patrie.
Un jour de gloire vaut cent ans de vie.
Puis un auteur dont on ne s’attendrait guere å voir le nom ici, ce-lui qui fit un art et presque une science des plaisirs de la table, Brillat-Savarin, compose les paroles et la musique d’un chant funébre sur la mort du député Féraud, menacé par les factieux le l°r prairial an IV (20 mai 1795). Enfin, de méme que l’on fit plus tard des cantiques avec des airs d’opéras, on adapte des paroles patriotiques et guerriéres å des romances de salon que leur succés a mis dans toutes les mémoires (1). L’air Vous qui d'amoureuse aventure, tiré de Renaud d'Ast, opéra-comique de « l’élégant et sensible » Dalayrac, devient le chant de Veilions au salut de l’empire, qui, par une destinée vraiment singuliére, échappa longtemps aux vicissitudes politiques, et, aprés avoir été un des airs nationaux de la République des 1792, et avoir conservé son role jusqu’å la fin de ce regime, dut å son premier vers et au vague de son style de pou-voir devenir aussi le chant officiel du gouvernement impérial. Intro-cluit avec d’heureuses modifications par Gossec dans son Offrande
(1) Voir la conférence de M. Tiersot å la Société historique (cercle Saint-Simon), publiée dans le Bulletin de la Société, nos des 12 mai, 18 juin 1886.