PRÉPARATION DU COUP D’ÉTAT.
231
« Aprés cette singuliére conversation, que Bonaparte écoutait en souriant, Fouché et Gohier levérent le siége, les étrangers qui encombraient le salon firent successi-vement de méme, Joséphine monta dans son. appartement et je me trouvai enfin seul avec le général.
« Je viens, lui dis-je, de la part de vos amis, savoir si la chose tient toujours « pour demain, et recevoir vos instructions. — La chose est remise au 18, me répondit-il le plus tranquillement du monde. — Au 18, général ? — Au 18. — Quand l’affaire esb
Fig. 87. — Membres du Conseil des Cinq-Cents.
« éventée! N e voyez-vous pas que tout le monde en parle ? — Tout le monde en parle « et personne n’y croit. D’ailleurs, il y a nécessité. Ces imbéciles du Conseil des An-« ciens n’ont-ils pas des scrupules ! ils m’ont demandé vingt-quatre heures pour faire « leurs réflexions. —Et vous les leur avez accordées ? — Ou est l’inconvénient ? Je leur «laisse le temps de se convaincre que je puis faire sans eux ce que je veux bien faire « avec eux. Au 18, done. Venez demain, prendre le thé; s’il y a quelque chose de « changé, je vous le dirai : bonsoir, » Et il alla se coucher avec l’air de sécurité qu’il conservait sur le champ de bataille, oii il me semblait ne s’étre jamais tant exposé qu’il s’exposait alors au milieu de tant de factions par ce délai, que rien ne put le déter-miner ä révoquer.
« Je retournai en courant rue Taitbout. La société que j’y retrouvai était moins nombreuse que celle dont je venais de me separer; sept personnes y étaient pour le