ForsideBøgerNapoleon 1er Et Son Temps

Napoleon 1er Et Son Temps

Forfatter: Roger Peyre

År: 1888

Sider: 885

UDK: 910

Editor Firmin-Didot et Cie

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232 NAPOLEON I« moment : M'“e Grant, qui n’était pas encore Mme Talleyrand, et Mme de Gambis fai-saient avec Regnaud la partie du maitre de la maison. Cependant la clucliesse d’Os-suna, assise å demi sur une console, jasait avec M. Ræderer, et Lemaire, le lati-niste, pour lors commissaire du gouvernement pres du Bureau central, se promenait tout en débitant å l’un et å l’autre des plaisanteries de college. Ne fut-ce qu’en con-séquence des devoirs que lui imposait sa place, il importait de se cacher surtout de celui-ci. Les joueurs, bien qu’on m’eüt annonce, restent les yeux collés sur leurs cartes. Un vif intérét de curiosité les tourmentait pourtant, et leur donnait de fortes dis-tractions; les dames seules étaient å leur jeu. « Profitant du. moment oii le commissaire débitant ses calembredaiues ä la duchesse, n’avait pas les yeux fixés sur nous, Regnaud se hasarda å m’interroger du regard. Je lui réponds par un signe négatif qu’il répéte å son vis-å-vis, et la partie continue comme si de rien n’était. « Le commissaire sorti, la partie finie, pendant que les dames jasaient entre elles, je racontai ä mes complices ce que j’avais vu et entendu; puis nous nous séparåmes å minuit en nous ajournant au lendemain. « Avant de nous coucher, me dit Regnaud, il faut revoir les épreuves des proclamatioiis; allons chez Demon ville. » Demonville, notre imprimeur, demeurait rue Christine, faubourg Saint-Germain. Il nous fallait traverser la moitié du diametre de Paris pour nous rendre la. La ville était dans une tranquillité parfaite. En descendant de voiture, nous remarquåmes qu’une pa-trouille assez nombreuse, que nous avions rencontrée rue Dauphine, était entrée dans la rue ou nous nous arrétions. Me rappelant les plaisanteries de Fouclié : « Est-« ce qu’il voudrait plaisanter avec nous ? cl i s-je å Regnaud. — Ce serait possible, » me répondit-il. Pour savoir å quoi nous en tenir, nous fimes le tour du bioo de mai-sons dont celle-ci faisait partie, et, certains que la maison n’était pas observée, nous montåmes å l’imprimerie. Un vieux prote, nommé Bouzu, nous attendait avec les épreuves, qu’il avait composées lui-méme. Cet liomme, qui faisait ce metier depuis cinquante ans, connaissait tres bien le matériel de son art, mais ä cela se bornait l’exercice de son intelligence; il reproduisait avec exactitude toutes les lettres dont se composaient les mots qu’il avait sous les yeux; mais saisir les rapports de ces mots entre eux de maniére å comprendre le sens d’une phrase excédait la portée de son esprit. Comme le manuscrit de Regnaud était tres net et tres correct, il n’y avait pas de fautes dans l’épreuve; aprés s’en étre assuré, Regnaud donna le bon ä tirer et partit en laissant entre les mains de cet homme les moyens de le perdre et tons ses complices avec lui. Mais le pére Bouzu n’était pas plus malin que ce secrétaire qui écrivait sous la dictée de son maitre cette phrase si connue : « Quoique je me serve « d’une main étrangére pour vous donner ces renseignements, ne craignez pas qu’ils « soient divulgués; l’homme dont je me sers est si bete, qu’il ne comprend méme pas ce « que je vous dis de lui. » Ce spirituel tableau montre bien les cotés comiques que présentent méme les conspirations les plus graves.