JOURNÉE DU 18 BRÜMAIRE.
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On a vu quelle était encore la confiance de Göhler. Deux jours aprés, le 17, il recevait une lettre de Bonaparte, qui s’engageait å diner chez lui avec sa famille pour le lendemain 18. Mais le matin du 18, il se trouvait interné dans son propre appartement ainsi que son collégue Moulin. C’était justement ce jour-lå que Napoléon et Sieyés avaient choisi pour l’action.
Goliier et Moulin persistérent, malgré tons les efforts de Bonaparte pour les intimider ou les séduire, dans une noble résistance; mais que pouvaient-ils faire? Tout s’était passé comme les conjurés l’avaient réglé : Sieyés, Ro<?er-Ducos, Barras, avaient donné leur dé-mission; le Directoire, réduit å la minorité, n’existait plus; ]e conseil des Anciens avait, usant de son droit constitutionnel, décidé la translation du Corps législatif å Saint-Cloud, puis, outrepassant ses pou-voirs, donné le commandement militaire å Bonaparte. Le Conseil des Cinq-Cents, rassemblé seulement cinq heures aprés, n’avait pu qu’entendre lire le décret de translation, dont il ne pouvait, d’aprés la constitution, ni contester la légalité ni refuser ou retarder l’exé-cution. L’armée presque tout entiére était pour Bonaparte; les gé-néraux opposants s’étaient contentés de s’abstenir, et Moreau lui-méme s’était chargé (Taller avec cinq cents hommes garder les recteurs démissionnaires au Luxembourg.
Vainement Santerre avait-il cherché å soulever la populace les débris du parti terroriste. 11 n’était arrivé qu’å. rendre plus
vants les souvenirs d’une époque abhorrée, souvenirs qui ne pou-vaient que disposer favorablement les esprits å l’égard du mouve-ment qui s’accomplissait. Les appels de Santerre ne pouvaient pas avoir d’éclio. N’avait-on pas vu le général Jourdan lui-méme échouer dans une circonstance analogue lorsque, le 27 fructidor précédent, il avait proposé de déclarer la patrie en danger?
Cependant Napoléon s’était préoccupé, quelques jours avant le 18 brumaire, de ce parti « qui voulait déclarer la patrie en danger )). Mais Lecouteulx de Canteleu, qu’il consultasur ce point, lui fitvoir que si ce parti pouvait rallier quelques groupes de la plus vile populace, le peuple parisien ne s’y réunirait certainement pas. «I I y a aujour-
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