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NAPOLEON Ier.
Saint-Gothard et arrivait å Bellinzona; la droite (6.000 liommes) avec Thureau traversait le mont Cenis; enfin deux petits corps venaient par le Simpion et Je petit Saint-Bernarcl. Ainsi s’était accompli avec la précision d’une simple manæuvre ce mémorable passage.
Frédéric Soulié fait raconter cette Campagne å. un vieux soldat dans sa Lanterne magique (1) : « L’ennemi disait que nous avions oublié le chemin. de l’Italie; le premier, c’est possible, pense Napoléon, mais tout chemin mene å Rome. En Egypte, c’é-tait tout plaines; ici c’était tout montagnes. N’importe! on a le mot de marclie des Fran§ais: En avant! toujours en avant! et avec ga plaines et montagnes sont bientot derriére les talons. Je ne sais comment se faisait, mais il avait toujours de vieilles histoires en partie pour nous piquer d’amour-propre : on nous raconte comme quoi un monsieur Annibal a passé par lå. avec des éléphants. Qa serait honteux de ne pas y passer avec des canons, eb on passa. »
Le 22 mai, Lannes, qui commandait l’avant-garde du Premier Con-sul, emportait Ivrée d’assaut et, quatre jours aprés, culbutait le géné-ral Haddik, qui s’était porté sur la Chiusella pour couvrir Turin. Mélas commen^ait å croire å l’existence de l’armée de réserve. Mais il se figura, ce qui était d’ailleurs le plus vraisemblable, que le corps principal passait par le mont Cenis et que notre objectif était Turin, tandis qu’en réalité Lannes et Thureau masquaient simplement le défilé de l’armée de Turin å Verceil et, le cléfilé accompli, au lien de marcher vers la capitale du Piémont, se dirigeaient vers Fest. Bientot Mélas apprenait avec stuppur que Bonaparte entrait en triomphe å Milan (2 juin) et y était rejoint par les autres corps. Wukassowich était rejeté derriöre le Mincio • Crémone, Locli prises. La seule issne qui restait å la grande armée autrichienne par la droite du Po allait lui etre fermée. Mélas rappelle en håte toutes ses forces au nord des Alpes maritimes; il ordonne å Elsnitz d’aban-donner l’attaque du Var, å Ott de lever le siége de Genes. Elsnitz s’était déjå mis en retraite lorsque Suchet le tourna par le col de
(1) Pendant de longues années, la plus attrayante série de tableaux que les montreurs de lanterne magique faisaient passer sous les yeuxdeleur humble public, représenta la Vie tant civile et militaire quepolitique, administrative, agronome et particuli'ere de Sa Majesté Napoleon IGT,de son vivant empereur des Franqais, roi d’Italic, protecteur de la Confédération du Rhin et... Chevalier de la Legion cThonneur.