ALLIANCE DE PAUL Ier ET DE NAPOLEON. 315
avec l’Autriche. Il songea å profiter du mécontentement que Paul Ier, nous 1’avons vu, conservait contre l’Autriche depuis Zurich, contre l’Angletere depuis Bergen, mécontentement que des événements plus récents venaient de raviver. Les Autrichiens avaient refusé la proposition que leur avait faite Bonaparte d’échanger les prisonniers russes qui se trouvaient en France. D’un autre coté, l’Angleterre, maitresse de Malte, n’y avait pas rétabli les Chevaliers de Saint-Jean
dont Paul I01' s’était fait, on l’a vu, nommer grand maitre.
Le Premier Consul ne négligeait rienpour faire fmetifier ces germes de mécontentement. Peu aprés Marengo, il trouva moyen de flatter l’imagination vive et impétueuse du czar en lui envoyant l’épée que Léon X avait donnée å l’Isle-Adam, comme témoi-gnage de sa satisfaction pour sa défense de Rhodes, ainsi que tons ses prisonniers com-plétement habillés et armés des belles armes de nos manufactures. L’émotion fut grande å Londres et å Pétersbourg. Paul Ier s’exalte et porte toute l’ardeur de ses væux vers la France. Ce prince, qui a exprimé naguére tant de haine contre la Revolution frangaise
et ses principes, écrit au Premier Consul la lettre suivante :
Fig. 110. — Paul Ier, empereur de Russie. D’aprés une gravure du temps.
« Citoyen Premier Consul, je ne vous
écris point pour entrer en discussion sur les droits de l’homme et du citoyen; chaquc pays se gouverne comme il l’entend. Partout oü je vois å la tete d’un pays un homme qui sait gouverner et se battre, mon cæur se porte vers lui. Je vous écris pour vous faire connaitre le mécontentement que j’ai contre l’Angleterre, qui viole tous les droits des nations et qui n’est jamais guidée que par son égoi’sme et son intérét. Je veux m’unir avec vous pour mettre un terme aux injustices de ce gouvernement. »
Par l’intermédiaire de M. d’Haugwitz, M. de Krüdener (1) et le général de Beurnonville se rencontrérent å Berlin et arrétérent les conditions
(1) L’époux divorcé, depuis 1796, de Julie de Wiettinghoffi, qui continua å conserver le nom de Mmc de Krüdener, sous lequel elle est connue.