NAPOLEON Ier.
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allié le Portugal. En vertu du traité d’alliauce qui unissait la France å l’Espagne, il obligea le prince de la Paix, qui exergait déjå sa honteuse domination sur la famille royale et sur le gouvernement espagnol, å, envahirle Portugal: 40.000 Espagnols entrérent dans l’Alemtejo. Leur ligne de retraite était protégée par 15.000 Fran^ais, qui arrivaient par Salamanque.
Mais les soldats frangais étaient å peine arrivés dans le bassin su-périeur du Douro, que la cour de Lisbonne avait fait sa soumission et ouvert des négociations qui se terminérent par le traité de Badajoz,
par lequel le Portugal cédait Olivenza å l’Espagne et fermait ses ports aux Anglais. (29 sept. 1801.)
C’était lå un bien petit résultat apres de si grandes espérances. Aussi Napoléon ne s’en contentait-il pas. Il se préparait å attaquer l’Angleterre chez eile. Les cötes de France, du Havre å Anvers, furent avec la plus grande activité armées de batteries et de redotites; on construisit une foule de båtiments légers et de chaloupes canonniéres. On construisait surtout des bateaux plats, destinés å porter en quel-ques heures une armée au delå du détroit. Napoléon ignorait sans doute que le plan de bateaux analogues et destinés å l’exécution du nierne projet avait été congu déjå dans la premiére moitié du dix-huitiéme siécle par le célébre aventurier Bonneval, qui, devenu paclia aprés avoir été general en France et en Autriclie, occupait les loisirs for-cés que lui laissait la paix de Belgrade a divers projets qui témoignaient de son imagination emportée, mais aussi de son esprit politique.
Lc'itouclie-Tréville, marin eminent, capable de réaliser les plus vastes projets, commandait cette flottille, dont le centre était å Bou-logne. La marine frangaise se développait avec une rapidité qui pré-occupait vivement la nation anglaise, et nos marins, toujours aussi braves, déployaient et des talents et une habileté de métier qui éton-naient les vainqueurs d’Aboukir. A Algésiras, le contre-amiral Linois avait su si bien choisir sa position et manæuvrer avec tant de précision et de sang-froid, qu’avec trois vaisseaux il avait tenu tete aux six vais-seaux de l’amiral anglais Saumarez, en avait détruit deux et forcé les autres å la retraite.