NAPOLÉON JOURNALISTE.
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Cependant les négociations pour la paix continuaient, mais elles n’aboutissaient pas. Napoléon, sachant la force de l’opinion publique, quoiqu’il l’eut souvent dédaignée, voulut y faire appel en Angleterre nierne, et pour cela eut recours å la presse. Comme l’avaient fait Richelieu et Louis XIII dans la Gazette de France, il fit insérer dans le Moniteur des articles qui s’adressaient au public européen tout entier et plus particuliérement å la nation anglaise.
Fig. 112.Georges toumant la meule de Pitt. Carioature de l’époque.
. Ce n’était pas la premiere fois que Bonaparte prenait la plume du journaliste et cene fut pas la derniére. Les bulletins de la Grande Armée ne sont en somme qu’une forme du journalisme. On peut meine clire que le Moniteur était directement entre les mains de l’Empereur, et qu’il en était le rédacteur en chef. M. Rapetti fait remarquer que « Napoléon, å chacune des grandes phases de son gouvernement et pour ohacune de ses grandes entreprises, a toujours eu soin de placer dans le Moniteur l’ensemble des documents et des arguments propres å mettre en relief et sous le jour le plus favorable les intentions, le but, les nécessités de sa politique ».
Dans ces articles de 1801, niodéles de polémique nette et pressante, qui étaient écrits par lui et dévorés par les lecteurs de toutes les nations, attentives å cette scene singuliére, il ménageait les ministres anglais actuels, les présentait comme des hommes sages, raisonnables, bien intentionnés, mais intimidés par les violences des ministres déchus, M. Pitt, et surtout M. Windham. Il cherchait å rassurer l’Eu-rope sur l’ambition de la France : il s’attachait å montrer que ses conquétes étaient ä peine un äquivalent des acquisitions que la Prusse, 1’Antriebe et la Russie avaient faites lors du partage de la Pologne et 1’Angleterre elle-méine par le développement
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