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NAPOLEON Ier.
Legion d’honneur a toujours été considérée comme une institution démocratique, ce qui ne l’a pas empécliée d’étre une décoration enviée entre toutes. Une caricature anglaise représente Bonaparte découpant le bonnet rouge pour en faire des rubans de la Legion d’honneur. Mais lord Byron a consacré une de ses plus belles odes å « l’Etoile des braves, qui a répandu tant de gloire sur les vi vants et sur les morts )).
Comme la Légion d’honneur, comme le Concordat, le Code civil, quoiqu’il consacråt une révolution profonde par l’abolition de tout privilége et de tout vestige du régime féodal, était aussi une æuvre de conciliation et de transaction. Napoléon dut déployer également, pour le mener å bonne fin, toute sa fermeté. Car il faut autant d’ef-forts et plus de temps pour amener les partis a transiger que pour les vaincre.
On sait qu’au point de vue de la législation, la France était divisée en deux grandes parties : pays de droit écrit ou de droit romain et pays de droit coutumier. On comptait en France 360 coutumes locales et 140 coutumes générales. Dans les pays de droit romain eux-memes, les coutumes occupaient aussi une grande place et étaient fort diverses. L’Assemblée Constituante, aprés avoir établi l’égalité cle tous devant la loi, avait décrété l’unité de la législation frangaise, et les lois qu’avaient votées les diverses assemblées révolutionnaires avaient été générales. Plusieurs cle ces lois, notamment les lois de la Convention abolissant complétement la faculté de tester et permettant le divorce par simple consentement mutuel, étaient déjå condamnées par tous les bommes sans préjugés. Le nouveau législateur devait avant tout consacrer les grandes réformes sociales de 89, mais tenir compte aussi des diverses législations de l’ancienne France et du droit inter-médiaire, c’est-å-dire des lois votées pendant la période révolution-naire. C’est ce que comprit la commission nommée pour préparer le Code civil. Elle se composait cle Bigot de Préameneu, Malleville, Tronchet et Portalis. Les deux derniers out surtout mérité d’attacher leur nom å ce travail de codification, le plus important qui ait été fait depuis Justinien, et qui est resté le point de départ, sinon la base, cle tous les travaux législatifs postérieurs, non seulement en France, mais