Napoleon 1er Et Son Temps
Forfatter: Roger Peyre
År: 1888
Sider: 885
UDK: 910
Editor Firmin-Didot et Cie
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
ORGANISATION SOCIALE DE L’ANGLETERRE.
381
la possession de la terre donnait seule une place dans la société; ce sont les propriétaires qui sont adniinistrateurs eb juges, ce sont les propriétaires qui seuls forment les colleges électoraux. La gentry fera tous ses efforts pour étre seule propriétaire, sartout lorsque, vers le milieu du second tiers du dix-huitiéme siécle, la Chambre des Communes tendra ä devenir la principale force du gouvernement. Pour faire de ses siéges å la Chambre de veritables monopoles, elle évincera des campagnes tous les petits propriétaires, par intimidation, séduction, quelquefois injustice ouverte. C’est ainsi qu’agissait la Noblesse romaine. C’est ainsi qui qu’avaient fait les Eupa-trid.es d’Athenes avant Solon.
Cette révolution est favorisée par le développement prodigieux du commerce anglais et par les inventions mécaniques qui viennent, å la fin du dix-huitiéme siécle, donner å l’industrie une impulsion extraordinaire. La gentry fait tous ses efforts pour rejeter de ce coté le reste du peuple. Et le petit propriétaire, écrasé par son puissant voisin, incapable de lutter, avec des capitaux insignifiants et un. outillage inférieur, contre les moyens perfectionnés de culture employés sur de vastes étendaes de terrain, émigre vers les villes ou devient simple manouvrier, aprés avoir vendu son bien, qui lui est, du reste, en général largement payé. Des villages entiers sonb détruits et reniplacés par des pares. L’autonomie des paroisses qui pouvaient faire obstacle å la toute-puissance des grands propriétaires tend ä disparaitre. Au moment oii éclate la Révolution franjaise, cette transformation n’est pas encore arrivée ä son plein développement, mais elle est déjå tres avancée, et la population industrielle représente plus de la moitié, les deux tiers peut-étre, de la population totale de la Grande-Bretagne. Mais « cette race d’hom-mes supplémentaires », comme les appelait Robert Peel, ne comptait pas plus dans le gouvernement anglais que les plébéiens aux premiers siécles de la république romaine.
La gentry constitue ä elle seule le peuple anglais; c’est elle qui occupe toutes les places de quelque importance aussi bien dans l’armée que dans l’église anglaise, dans les colonies que dans la métropole. C’est elle qui absorbe tous les pouvoirs politiques. On a calculé qu’au commencement du dix-neuviéme siécle sur six cent cinquante-huit membres de la Chambre des Communes, quatre cent quatre-vingt-sept étaient nom-més virtuellement par les lords et les grands propriétaires. Les wighs et les torys, qui s’attaquent souvent avec tant de violence, n’étaient au fond que deux fractions d’un méme parti.
On comprend quel retentissement durent avoir en Angleterre les principes de la Révolution frangaise. Elle venaitprovoquer au delå du détroit des revendications d’éga-lité chez un peuple qui avait déjå sans doute le bienfait de la liberté politique, mais pour la plus grande partie duquel cette liberté n’était guére qu’une illusion. L’aris-tocratie le comprend, elle reveille la haine du peuple anglais contre l’ennemi tradition-nel, et cette haine aveugle, dirigée par la haine non moins vive, mais calme et raison-née, de l’aristocratie elle-méme, va finir par triompher. Elle montre au peuple anglais que, gråce ä sa position géographique, 1’Angleterre a moins å souffrir de la guerre que tout autre pays et que cette guerre, heureusement terminée, outre les conquétes qu’on pourra faire, aura pour resultat d’ouvrir å son commerce et å son Industrie