Napoleon 1er Et Son Temps
Forfatter: Roger Peyre
År: 1888
Sider: 885
UDK: 910
Editor Firmin-Didot et Cie
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NAPOLEON I"
un développement sans limite, une Suprematie universelle. Or l’intérét commercialet industriel est des lors le principal souci de la majorité de la nation.
Que la guerre contre la France fut, surtout pour l’aristocratie anglaise, un moyen de défendre, contre toute innovation, la Constitution qui consacrait ses Privileges et qu’elle pouvait d’ailleurs sincérement unir dans son esprit avec la grandeur de l’Angleterre, des torys eux-mémes I’ont reconnu et il n’y a pas å distinguer sur ce point entre les guerres de la Révolution et celles de l’Empire, car, si l’Empire n’é-tait pas la liberté, il représentait la Révolution et la démocratie (1).
« Des théoriciens, dit Alison, ont cru que le gouvernement anglais, avant le grand changement de 1832, était un gouvernement mixte dans lequel la Couronne, la Noblesse et les Communes se faisaient contrepoids l’une å l’autre et se controlaient mutuellement. C’est une erreur; ce gouvernement n’était en réalité qu’une aristo-cratie, avec un souverain chargé du pouvoir exécutif; le tout déguisé sous les formes de la république... Pour dire la vérité, les motifs clonnés par notre gouvernement n’é-taient pas les souls qui le déterminassent å faire la guerre. Il y avait en Angleterre meine un danger qu’il redoutait bien plus que les conquétes des républicains. Il ne crai-gnait pas que l’étranger vint s’emparer de notre pays; ce qu’il craignait, c’était une révolution intérieure, et il sentait que cette révolution était imminente s’il ne se håtait de rompre avec la France... L’esprit public était excité; les passions démocratiques commencjaient ä s’agiter; le désir du pouvoir, sous le nom de réforme, s’était répandu parmi les classes moyennes, et les institutions de notre pays étaient menacées d’un choc aussi violent que celui qui venait de bouleverser la Monarchie en France. Le seul moyen qu’on eüt d’éviter ce malheur était d’engager le pays dans une guerre étrangére; elle réveillerait le sentiment de leur antique valeur ; elle leur ferait oublier ces réformes, ces innovations qu’ils commengaient å réclamer. »
La guerre était un moyen légal et pratique d’empécher les Communications entre les deux pays, et un membre du gouvernement, Jenkinson, depuis lord Liverpool (2), le déclarait nettement å la Chambre des Communes. Parlant de ceux qui at-taquaient la constitution : « Ce parti, disait-il en substance, ne peut s’agiter et causer quelques troubles qu’en temps de paix: il faudra qu’il reste calme pendant la guerre. Des qu’elle sera commencée, toute correspondance avec la France devra cesser, car elle serait un acte de trahison, puni comme tel par les lois; les mécontents n’auront pour seule ressource que d’émigrer en France, au grand avantage de notre pays. »
Quant å la liberté des peuples, c’était un médiocre souci pour l’Angleterre. C’est en vain qu’on voudrait donner ce caractére méme å son intervention en Espagne.
« Les ministres anglais, dit l’amiral Napier dans son histoire des guerres de la Péninsule, haissant Napoléon parce qu’il était le champion de l’égalité, ne se sou-ciaient point du tout que l’Espagne fut plus libre qu’auparavant. Ils voulaient bien se servir des cortés libérales pour abattre Napoléon... mais le parti aristocra-
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(2) Les curieuses lettres de Richard Cobden écrités å l’occasion de la mort de Wellington, traduites dans le Napoléon de Kermoysan, 3° vol., contienuent plus d’un témoignage sur ce point.
(3) Celui qui mourut en 18’28.