Napoleon 1er Et Son Temps
Forfatter: Roger Peyre
År: 1888
Sider: 885
UDK: 910
Editor Firmin-Didot et Cie
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RUPTURE DE LA PAIX D’AMIENS.
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tique en Espagne ne tarda pas ä s’apercevoir que la politique secréte de l’An-gleterre n’était autre que la sienne; elle allait méme jusqu’a soutenir l’inquisition, prétendant ridiculement que ce n’était plus une chose mais un nom ». Aussi M"10 de Stael, désabusée elle-méme, disait-elle ä Canning, en 1815 : « On trompe le peuple anglais, il ne sait pas qu’on l’emploie å priver les autres peuples de la liberté qu’il posséde, å protéger l’intolérance en vers ses ireres en religion; s’il le sävait, il renierait ceux qui abusent de son nom. »
Il aurait été habile de la part de Bonaparte de se. montrer d’autant plus modéré que les Anglais l’étaient moins. En effet, il lui fallait avant tout l’appui ou. au moins la neutralité sincére du continent, pour pouvoir tourner tons ses efforts contre la grande ile dont la tyrannie maritime indisposait d’ailleurs toutes les puis-sances. Cette modération lui était d’autant plus imposée qu’on le craignait davantage. Il ne nous parait pas démontré que l’Europe monarchique ne se fut pas résignée assez å nous laisser cléfini ti vement les limites que nous avait données le traité de Lunéville, car ces accroissements, si importants qu’ils fussent, n’étaient pas hors de proportion avec les accroissements territoriaux que la Prusse, la Eussie et l’Autriche elle-méme avaient réalisés, soit dans la guerre de succession d’Espa-gne, soit aux dépens de la Pologne et de la Turquie pendant le dix-huitiéme siécle, alors que la France avait perdu son role prépondérant dans la politique euro-péenne. Mais il fallait que le 'gouvernement f rangais prouvåt å l’Europe qu’il était bien décidé å s’en tenir lå. C’était d’ailleurs la politique que réclamait la France, car partout régnait le plus vif désir de la paix. Il est interessant de trouver ce sentiment jusque dans les chefs méme de l’armée, durant toute la série de ces longues guerres de la Revolution. Carnot lui-méme n’avait été å auoune époque de sa vie ami de la guerre. Il déplorait ses „exces, méme lorsque, jeune officier du génie, il ne pouvait attendre que d’elle sa fortune. Il n’en avait pas moins « organisé la victoire dans une guerre juste eb vraiment nationale (1) ». Moreau, en. mar-cliant sur Vienne, voulait « conquérir la paix ». Malheureusement Napoleon se laissa entrainer par une ambition que les circonstances et la conduite de l’Angle-terre excusent. « C’est sur les fondements de votre tyrannie, disait Byron å la Chambre des Lords (2), que Napoléon espére båtir la sienne. »
La paix d’Amiens n’avait été, pour une grande partie de l’aristo-cratie, qu’un traité « accepté å regret, et sous forme d’épreuve )), comme le disait lord Hawkesbury. La Trinité et Ceylan, c’était bien peu pour prix d’une lutte acharnée de dix ans et une dette de qua-
(1) Voir le discours prononcé a Magdebourg sur la tombe de Carnot, en 1871, par M. A. Peyre, officier du génie. Ce fut å la suite d’une cérémonie religieuse, célébrée en mémoire de nos officiers et soldats fransais morts en captivité, que M. Peyre prit la parole au nom de ses compagnons d’armes internés dans cette ville, oü Carnot était mort exilé en 1823. — Moniteur du 1" avril 1871.
(2) Séance du 21 avril 1812.