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NAPOLEON Ier.
torze milliards ; c’était peu surtout pour compenser les accroissements de la France. Or la paix meme ne les avait pas arrétés. Sans parier cle la réunion du Piemont et de Panne, sa suprématie politique setait affermie sur 1 Italie, la Hollandé, sur l’Allemagne, meme par le recez cle 1803, et enfin sur la Suisse.
En vertu du traité de Lunéville nous avions retiré nos troupes de la Suisse. Mais des discordes sanglantes n’avaient pas tardé å éclater entre ceux qui voulaient maintenir la Constitution unitaire de la République helvétique fondée par le Directoire et ceux qui v oulaient rétablir la confédération avec les anciennes inégalités politiques. Le Premier Consul, malgré les efforts de l’Angleterre, intervint comme inédiateur et y envoya des troupes. Une consulte de cinquante-six députés réunis å Paris rédigea, sous l’inspiration de Bonaparte, une Constitution fort sage, conforme ä la justice comme å la configura-tion du sol de la Suisse et å ses traditions. « La nature, dit-il, a fait votre Etat fédératif; ce qu il vons faut, c est 1 égalité des droits entre vos cantons, une renonciation å leurs Privileges de la part des families patriciennes, une organisation föderative oü chaque canton se trouve gouverné suivant sa langue, sa religion, ses mæurs, son intérét et ses opinions. » Un traité d’alliance défensive replaja la Suisse sous la protection de la France. Les anciennes conventions militaires furent renouvelées et 16.000 Suisses entrérent dans l’armée franjaise.
Ce n’était pas cependant la puissance continentale cle la France qui excitait le plus les coléres cle la Grande-Bretagne. Notre marine renaissait avec une rapidité incroyable; nos colonies recou-vraient leur ancienne prospérité. L’amiral Linois et le général De-caen partaient pour l’ile de France et l’Incle. Le colonel Sébastiani était chargé d’une mission dans le Levant pour y rétablir partout l’influence frangaise. Il allait aux iles loniennes, å Tunis, å Tripoli, en Egypte, oii les Anglais n’avaient pas encore évacué Alexandrie; en Syrie, ou il commengait å remettre les chrétiens sous la protection frangaise. L’expédition cle Saint-Domingue avait été un témoignage imposant cle notre lenaissance maritime. Va,niem6nt le ministre Addington, tory lui-meme, comparait ceux qui demandaient ainsi la guerre contre la France, sans aucun souci de l’humanité ou de la justice, « å une meute de chiens sanguinaires ». Vainement Fox disait-il : « La puissance de la i rance est sans doute plus grande que je ne le souhaiterais, mais ce n est pas un motif pour rallumer la guerre, qui,