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NAPOLEON Ior.
étre, un jour ou l’autre, une cause de différends entre la France et la Eépublique americaine. Les Anglais ne se préparaient pas avec moins cl’activité ä la défense que Bonaparte a 1 attaque. f outes les rivieres d’Angleterre furent gardées par des vaisseaux do ligne postes a leur embouchure, l’entrée de la Tamise fermée par des vaisseaux rasés, une levée en masse ordonnée et tous les navires mis en réquisition.
Aprés la rupture de la paix, la force des choses avait ramené Pitt au pouvoir (15 mai 1804), malgré la répugnance qu’il inspirait au roi. Il essaya aussitöt cle former contre la France une coalition des puissances du Nord, qui avaient déjå réelamé contre l’invasion du Hanovre et de Naples. Il empéeha la Prusse d’accepter le Hanovre et 1 alliance de la 1’ rance. Mais, comme l’Angleterre montrait une ambition au moins egale å celle de son adversaire et que la rupture lui etait imputable, ses eftorts diplomatiques n’aboutirent pas tout d’abord.
Le cabinet anglais faisait d’ailleurs appel å d’autres moyens. Georges Cadoudal, avec son appui et ses subsides, avait organisé une nou-velle conspiration pour assassiner le Premier Consul et rétablir les Bourbons. Il débarquait å la falaise de Biville, entre Dieppe et le Tréport. Parmi les conjurés se trouvaient les freies de Polignac, le marquis de Riviére et le général Pichegru, qui s’était échappé de Cayenne. Mais on ne pouvait avoir quelque espoir de réussir qu’avec 1’appui d’un général ayant de l’action sur l’opinion, et l’on songea au général Moreau, que l’on considérait comme le chef de (opposition républicaine.
L’armée du Rhin avait conservé des sentiments d’hostilité contre l’armée d’Italie et son chef, qui semblaient avoir absorbé å eux seuls la puissance et la gloire. Un officier de cette armce, Delmas, s’étant vu proposer dans un restaurant du. veau ä la Marengo, « Non, gargon, répliqua-t-il, donnez-moi du bæuf å la Hohenlinden. » Mais les conjurés se faisaient illusion, s’ils croyaient que cette rivalité militaire pouvait conduire jusqu å, la guerre civile, Moreau lui-méme, qui était modéré et pa-triote, n aurait pas commis la faute qui devait le perdre, s’il n’y avait pas été poussé par sa femme, MUe Hulot, et par sa belle-mére.
C’était cependant Joséphine qui avait fait ce manage. M"e Hulot avait été la compagne d’Hortense de Beauharnais chez M"e Campan. Mais, fiére, vindicative, elle s’irritait de la difference que la fortune avait mise entre Mæe Moreau et Mm0 Bona-paite. Elle n avait pas pardonné å Joséphine de l’avoir fait longtemps attendre, un