ForsideBøgerNapoleon 1er Et Son Temps

Napoleon 1er Et Son Temps

Forfatter: Roger Peyre

År: 1888

Sider: 885

UDK: 910

Editor Firmin-Didot et Cie

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400 NAPOLEON Ier. Était-ce bien lå meine l’intérét de Napoléon? Plusieurs de ceux qui votérent pour l’Empire se demandaient si l’empereur Napoléon serait aussi grand que le Premier Consul Bonaparte. Paul-Louis Courrier, officier d’artillerie en garnison å Plaisance, écrivait å un de ses amis une lettre qui indique bien ce sentiment : « Nous venons de faire un Empereur, et poür ma part je n’y ai pas nui. Voici l’his-toire. Ce matin, d’Anthouard nous assemble, et nous dit de quoi il s’agissait, mais bonnement, sans préambule ni péroraison. Un Empereur ou la République, lequel est le plus de votre goüt ? comme on. dit : R6ti ou bouilli, potage ou soupe, que voulez-vous ? Sa harangue finie, nous voila tous å nous regarder, assis en rond. Messieurs, qu’opinez-vous ? Pas le mot; personne n’ouvre la bouche. Cela dura un quart d’heure ou pi as et devenait embarrassant pour d’Anthouard et pour tout le monde, quand Maire, un jeune homme, un lieutenant que tu as pu voir, se léve, et dit: « S’il vent étre Empereur, qu’il le soit; mais pour en dire mon avis, je ne le trouve pas bon du tout. — Expli-quez-vous, dit le colonel; voulez-vous? ne voulez-vouspas? — Je ne le veux pas, ré-pond Maire. — A la boline heure. » Nouveau silence. On recommence å s’observer les uns les autres, comme des gens qui se voient pour la premiere fois. Nous y serions encore si je n’eusse pris la parole. « Messieurs, dis-je, il me semble, sauf correction, que ceci ne nous regarde pas. La nation veut un Empereur; est-ce å nous d’en délibérer ? » Ce rai-sonnement parat si fort, si lumineux, si ad rem... que veux-tu ? j’entrainai l’assemblée. Jamais orateur n’eut un succes si complet. On se léve, on signe, on. s’en va jouer au billard. Maire me disait : « Ma foi, commandant, vous parlez comme Cicéron; mais pourquoi voulez-vous done tant qu’il soit Empereur, je vous prie ? — Pour en finir, et faire notre partie de billard. Fallait-il rester lå tout le jour? pourquoi, vous, ne le voulez-vous pas ? — Je ne sais, me dit-il, mais je le croyais fait pour quelque chose de mieux.» Voila le propos du lieutenant, que je ne trouve point tant sot. En effet, que signifie, dis-moi... un homme comme lui, Bonaparte, soldat, chef d’armée, le premier capitaine du monde, vouloir qu’on l’appelle Majesté! Étre Bonaparte, et se faire sire! Il aspire å descendre : mais non, il croit monter en s’égalant aux rois. Il aime mieux un bitre qu’un nom... « Ce César l’entendait bien mieux, et aussi c’était un autre homme. Il ne prit point de titres usés, mais il fit de son nom méme un titre supérieur å celui du roi. » A Paris, un jeune homme qui devait étre une des illustrations du siécle, Francois Arago, alors éléve de l’Ecole polytechnique et premier de sa promotion, avait refusé de signer une adresse tendant au rétablissement de l’Empire. Le général Lacuée demandait son exclusion de l’Ecole. Mais Napoléon ne fut pas de eet avis. « On ne renvoie pas, dit-il, le premier d’une promotion. » Et puis, comme le disait Monge ;i l’Empereur lui-méme, « il faut laisser aux gens le temps de se con-vertir. Avouez, Sire, que vous avec tourné un peu court. » A l’étranger, oü Bonaparte avait aussi des admirateurs enthousiastes, plus d’un ressentit la méme Impression. Le plus illustre des musiciens de l’Allemagne, Beethowen, venait de terminer