TOULON.
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actif, sincérement patriote, le général Dugommier, quiétait capable de comprendre les plans de Bonaparte et n’était pas bomme åles repousser par une jalousie mesquine.
Ségur raconte dans ses mémoires que Dugommier avait å peine pris le commande-ment depuis deux jours, lorsqu’il aper?ut, le 19 novembre, au moment oii il parcourait nos lignes avec Bonaparte, un convoi de vingt magnifiques voitures, qu’ils reconnurent
Fig. 12. — Lo général Dugommier. D’aprés le portrait peint par Rouget.
pour celles de Louis XVI. Ils crurent que c’était le terrible comité de Salut public. Ils en voient descendre soixante å quatre-vingts personnages en brillants uniformes de fantaisie, qui demandent d’un ton impérieux et impatient le général. Des qu’ils sonten sa présence, l’orateur de la troupe, se plagant gravement en téte, déclare d’une voix ton-nante qu’ils arrivent de Paris; que les patriotes y étaient indignés de sa lenteur et de son inaction; que la Eépublique, frémissant de n’étre pas encore vengée, avait fait appel aux braves, qu’ils y avaient répondu, qu’ils étaient des canonniers volontaires; qu’on n’avait qu’å leur donner de la poudre et des canons et que Toulon ne tarderait pas ä étre pris et la flotte anglaise incendiée. — Dugommier était interdit. Mais Bonaparte débarrassa l’armée de ces nouveaux guerriers en leur donnant une cruelle Icgon. Il les échauffa de vin et de louanges, et des le lendemain, leur livrant des piéces, il lesmit aux prises sur la plage, å découvert, leur disant, dans leur style, « qu’å de tels braves les épaulements étaient inutiles et qu’ils étaient assez couverts de leur invincible patrio-
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