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NAPOLEON I".
son entourage durent se mettre en tirailleurs et faire le coup de pistolet contre les dragons autrichiens pour les écarter de sa personne. Ce fut seulement ä la tombce de la nuit, lorsque tout fut assuré, qu’il repassa sur la rive droitc, dans le petit village d’Oberfalheim, et se logea chez un curé, oii le général Thiard lui fit son lit, un aide de camp une omelette, et oii il ne put méme changer ses vétements trempés de pluie.
Parmi ceux qui se distinguérent particu.lierem.ent ä Elchingen, le colonel Auguste Colbert, commandant la cavalerie légére da 6e corps d’armée, signale dans son rapport au maréchal Ney « le jeune Louvat, seul descendant du Chevalier Bayard, le modele des preux ». N’est-ce pas un beau spectacle que de voir, dans les armées de la France nou-velle, le représentant de la famille du grand ministre de Louis XIV recommander au fils du tonnelier de Sarrelouis le descendant du heros de Marignan et de Méziéres ?
Le lendemain, 15 octobre, d 3 heures du matin, il dictait ses ordres pour la journée. C’était la son heure habituelle, car å ce moment les rapports de la veille lui étaient en général tous parvenus. Il ré-gla fordre d’attaque du Miclielsberg, qui fut enlevé avec la nierne intrépidité qu’Elchingen par Ney et Lannes. Comme å Elchingen, Napoléon, afin de mieux voir l’action, s’était trop avancé. Lannes, lui ayant fait des représentations qui ne furent pas écoutées, saisit brusquement les renes de son cheval pour l’éloigner d’un feu trop meurtrier.
Par la prise du Miclielsberg, Mack fut définitivement séparé de Ferdinand, qui s’était lancé sur la route de Boheme, poursuivi par le corps de Murat (15 octobre 1805). L’armée enferméedans Ulm ne pou-vait y tenir longtemps. Mack, averti que les Russes n’étaient encore qu’å Linz, que les Frangais avaient pris Munich, se clécida å capi-tuler, et comme il ne pouvait se croire aussi isolé qu’il l’était, il stipula qu’il livrerait la ville sous liuit jours s’il n avait pas re§u de se-cours. Il en attendait non seulement des Russes, mais de Kienmayer, de l’archiduc Jean et de Jellachich, qu’il croyait réunis. Il se faisait de singuliérés illusions, car tout ce qui avait échappé au desastre d’Ulm, moins l’archiduc Ferdinand et 2.000 cavaliers, était obligé de capituler, å Trochtelfingen (19 octobre). Sept mille Frangais avaient fait quarante-cinq lieues en cinq jours, pris ou tué 22.000 liommes, enlevé 130 canons et tous les bagages. Napoléon fit connaitre ce résultat å Mack, qui, perdant tout espoir d’étre secouru, capitula le 20 octobre, nous livrant 33.000 liommes, 40 drapeaux et 60 canons.