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NAPOLEON Ior.
Sans parier du génie de Napoleon, les officiers nobles de l’armée prussienne étaient enfin obligés de reconnaitre que le soldat frangais tirait, non seulement de la nature, mais de la situation sociale, une force que le soldat prussien, si brave et si discipliné qu’il fut, ne connaissait pas. Onenvoyait le curieux témoignage dans les lettres trouvées au milieu des bagages enncmis tombés entre nos mains. « S’il ne fallait que se servir de ses bras contre les Frangais, écrivait alors ä sa famille un officier prussien, nous serions bientot vainqueurs. Ils sont petits, chétifs. Un seul de nos Allemands en battrait quatre. Mais ils deviennent, au feu, des étres surnaturels. Ils sont empörtes par une ardeur inexprimable, dont on ne voit aucune trace chez nos soldats. Que voulez-vous faire avec des paysans menés au feu. par des nobles dont ils partagent les dangers, sans partager jamais ni leurs passions ni leurs récompenses ! »
Avant de quitter Berlin pour se rendre sur le nouveau tliéåtre de la guerre, Napoléon répondit aux nouvelles vexations de l’Angleterre contre les marines de l’Europe par le décret qui ordonnait le Blocus Continental et fermait aux vaisseaux et aux mar-
Fig. 179. — Benningsen. chandises anglaises tons les ports du con-tinent (21 novembre 1806) (1). Puis il adressa ses soldats une proclamation dans laquelle il disait : « Les Russes se vantent de venir å nous : nous leur épargnerons la moitié du chemin... Qui leur donnerait le droit de renverser nos justes desseins? Eux et nous, ne sommes-nous pas les soldats d’Austerlitz ? »
Les Russes avaient occupé Varsovie, alors possession prussienne, puis en avaient été chassés par Murat, Davout et Lannes. Ils avaient pour chef 1’Allemand Benningsen, officier instruit et doué d’une énergie å toute épreuve. Benningsen avait 60.000 homnies sous ses ordres. Devant le progrés de la Grande Armée et l’insurrection imminente de la Pologne, il se replia en livrant plusieurs combats, dont le plus important est celui de Pultusk (26 décembre 1806) et se retira par Os-trolenka, avec une perte de 10.000 homnies et de 80 canons, sur l’Alle, pour couvrir Kænigsberg.
La mauvaise saison et l’état des cliemins et des plaines, trans-
(1) Voir plus bas, chapitre X.