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NAPOLEON Ior.
établis de Varsovie å Pultusk; Murat, Davoust et Lannes, sur le Bug, formaient la droite. Les troupes eurent bien de la peine å vivre dans des villages au milieu d’un pays naturellement pauvre. L’Empereur partageait les miséres de l’armée. « Il avait le ventre serré comme les autres, » dit Coignet.
Au témoignage de Talleyrand, rapporté par le prince de Ligne, jamais Napoléon n’a été aussi grand qu’å. Osterode, son quartier général, « oii, ne mangeant que de mauvaises écrevisses, dans une maison affreuse, entourée de cadavres d’hommes et de de chevaux, ayant tout contre lui, jusqu’å son armée, il avait juré de tout souffrir pour humilier la Russie. » Si l’on en croit les Mémoires de Rovigo, un jour qu’il faisait un temps affreux, l’un de ses grognards lui dit : « Il faut que vous ayez un fameux coup dans la tete, pour nous mener sans pain par des chemins comme ga. — Jene vous demande plus que quatre jours de patience, repartit Napoléon, et vous serez cantonnés. — Alions, quatre jours encore; eb bien, ce n’est pas trop, mais sou-venez-vous-en, parce que nous nous cantonnerons tout seuls apres. »
L’ennemi ne les laissa pas longtemps dans ces quartiers d’hiver. Benningsen congut, en effet, le projet audacieux d’enlever l’aile gauche de la Grande Armée, de passer entre les deux corps de Bernadotte et de Ney, de les écraser l’un aprés l’autre, et, aprés avoir débloqué Dantzig, de porter la guerre dans le Brandebourg, sur les derriéres de Napoléon. Bernadotte fit å Osterode et å Mohrungen une résis-tance opiniåtre, qui donna å Napoléon le temps d’accourir. Napoléon vent alors, comme il l’a fait pour Wurmser en Italie, tourner contre Benningsen son propre plan. Une partie de l’armée, tout en faisant une bonne résistance, entrainera Benningsen å sa suite, pendant qu’avec le reste de ses forces, il le prendra å revers et le coupera de sa base d’opération. Benningsen allait étre pris dans le pifege qu’il nous avait tendu, tourné lui-méme et écrasé, lorsqu’il fut averti du péril qu’il courait par une dépéche frangaise tombée entre ses mains. Il se håta de battre en retraite, couvert par Bagration, qui se fit écraser avec toute l’arriére-garde. Benningsen alla prendre position sur une hauteur voisine de Preussich-Eylau et couvrit de 250 piéces de canon le front de son armée.
Napoléon le rejoignit le 7 février, avec Soult, Augereau, Murat et la garde; Ney s’était jeté å la poursuite de Lestocq, séparé de Benningsen, et Davout était å