DESPOTISME DE NAPOLEON. — NOBLESSE IMPERIALE. 493
fallait l’étonner sans cesse, si l’on voulait y assurer son pouvoir. Or l’étonnement meme était épuisé. C’est alors cependant, au moment oii la France désire avant tout un régime normal, que le despotisme de Napoléon croit et s’affirme hautement.
« J’étais absent, dit Beu-gnot, depuis trois ans, et quand j’avais quitté Paris, l’Empereur gardait quelque retenue dans le déploiement de l’autorité. Il suppliait encore M. de Fontanes de nous conserver au moins la république des lettres. J’avais done porté en Allema-gne des idées assez libérales, auxquelles je ne pouvais pas croire que l’Empereur fut devenu si complétement étranger. J’avais conservé ces idées, parce qu’elles étaient miennes et ensuite assez du goüt de la partie de l’Allemagne å laquelle j’avais été envoyé. Je ne lais-sai pas de m’étonner å Paris de rencontrer le despotisme partout et jusque dans des détails qui supposaient å l’Empereur une parfaite con-fiance dans la patience des FraiKjais, tels qu’il les avait faQonnés. Alors me fut ex-pliqué l’étonnement de M. Ræderer qui, å sa premiere
Fig. 188. — Le Triomphe.
Sculpture de Cortot. Bas-relief de l’arc de triomphe de l’Étoile.
visite chez moi, ne concevait pas qu’on y parlåt de l’Empereur avec tant de liberté, et qu’on se permit, en louant hautement ceux de ses actes qui étaient dignes d’éloges, d’en censurer quelques autres. Je reconnais maintenant que mon salon å Düsseldorf n’était pas du tout å. Fordre du jour. »
En moins de quatre ans, la France avait parcouru l’évolution qui