ForsideBøgerNapoleon 1er Et Son Temps

Napoleon 1er Et Son Temps

Forfatter: Roger Peyre

År: 1888

Sider: 885

UDK: 910

Editor Firmin-Didot et Cie

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Side af 994 Forrige Næste
528 NAPOLEON I« mais il faut reconnaitre qu il leur était facile de se résigner å la ruine de Saragosse. Ils remplirent la malheureuse cité de scenes sanglantes, et des chefs militaires d’une bravoure et d’un patriotisme éprouvé furent victimes des soupgons de ces fanatiques. Ce n’était pas assez du feu de l’ennemi et de ces violences intérieures : la famine ne tarda pas å, se faire sentir, et bientot l’air vicié par la multitude de cadavres laissés sans sépulture, agissant plus fortement sur les hommes affaiblis, amena une épidémie qui causa plus de ravages que la guerre. En quarante jours la ville avait regu plus de 40.000 bombes. Mais l’énergie des Espagnols n’en était pas ébranlée. Les fem-mes, les religieux allaient chercher les blessés au milieu des balles, et se mélaient sou-vent aux combattants pour soutenir leur courage. Nos soldats, qui n’avaient jamais vu de gueire pareille, se demandaient tristement quand ils en auraient fini avec cette maudite, cette infernale Saragosse. Le 27 janvier, aprés un assaut meurtrier, ils péné-traient enfin dans la ville; mais alors une nouvelle guerre, plus terrible encore que la premiere, commenja (1). Chaque couvent, chaque maison faisait la meine résistance qu'une citadelle, et il fallait pour chacune un siége particulier. Souvent un étage ap-partenait aux Franjais tandis que l’étage voisin était encore occupé par les Espagnols : on se fusillait alors å travers le plancher. Tout se disputait pied å pieel de la cave au grenier. Ce n’était que quand on avait tout tué å coups de baionnette ou tout jeté par les fenétres qu’on pouvait se dire maitre de la maison. A peine était-on vainqueur que la maison voisine nous langait par des trous faits exprés des grenades, des obus et une gréle de coups de fusil. Il fallait se barricader bien vite jusqu’å ce qu’on eüt pris des mesures pour attaquer ce nouveau fort, et on ne s’en approchait qu’en perjant les murs intérieurs : passer par la rue était impossible. Les Espagnols venaient faire å leur tour le siege des édifices que nous occupions, et, ne réussissant pas dans leur tentative, enduisaient leurs maisons de résine, y mettaient le feu et cherchaient a arréter nos progrés en nous opposant l’incendie. Ce n’était pas assez de faire la guerre dans les maisons, on la faisait sous terre. Nos mineurs, parve-nus sous un édifice occupé par l’ennemi, y placent une grande quantité de poudre; ä un signal donné le coup part, les malheureux volent dans les airs ou sont ensevelis sous des ruines que les survivants défendent encore. Cependant l’explosion fait évacuer par l’ennemi les maisons voisines pour lesquelles on craint le méme sort; nos troupes s’y précipitent aussitöt. Cette guerre était å proportion beaueoup plus meurtriére pour les officiers que pour les soldats, car l’ennemi, å l’affut et tirant å coup sur, choisissait ses victimes. Le général du génie Lacoste, qui, sorti des écoles depuis quelques an-nées settlement, était déjåaide de camp de l’Empereur, fut tué. Le colonel Rogniat et le chef de bataillon Haxo furent blessés. Ce ne fut qu’au bout de trois semaines de cette lutte effroyable que Palafox mourant se clécida enfin å capituler. Sur 100.000 habi-tantsqui se trouvaient å Saragosse au milieu de décembre 1808, plus de 50.000 avaient péri; des 22.000 soldats de Palafox, il en resta.it 10.000 å peine, exténués par la maladie, la fatigue et la faim. Nous avions 3.000 morts ou blessés; sur 40 officiers (1) Nous empruntons la plupart des details qui suivent, écrlts par Bugeaud pendant le siége méme, au comte H. d’Ideville, Le Maréchal Bugeaud, t. II, p. 112.