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NAPOLEON 1er.
pont, que les généraux Bertrand et Pernetti eurent bien de la peine å rétablir pour le matin du 22. Le corps de Davout se mit å passer ä son tour.
Cependant l’artillerie autrichienne, nombreuse et bien servie, faisait de ter-ribles ravages dans les rangs frangais, tandis que nous n’avions pu faire passer que quelques piéces de calibre médiocre. « Les boulets, dit Coignet, tombaient dans nos rangs et enlevaient des files de trois hommes ä la fois; les obus faisaient sauter les bonnets ä poil å vingt pieds de haut. Sitöt une file emportée, on. entendait crier : « Appuyez å droite! serrez les rangs! » Et ces braves soldats appuyaient sans sourciller
Fig. 211. — Bataille d’Essling. D’aprés une aquarelle du musée de Versailles.
et disaient en voyant mettre le feu : « C’est pour moi. »... Deux piéces n’avaient plus de canonniers pour les servir. Le général Dorsenne les remplaga par douze grenadiers et leur donna la croix, mais tous ces braves périrent prés de leurs piéces. Un plus grand malheur arrive encore aux grenadiers. Le corps du maréchal Lannes battait en retraite. Une partie vient se jeter sur eux, tous épouvantés, et couvre la ligne de bataille. Comme les grenadiers étaient sur un rang, ils les prenaient par le collet et les mettaient derriére eux en disant : « Vous n’aurez plus peur. » Heu-reusement ils avaient tous leurs armes et des cartouches. Le village d’Essling était en notre pouvoir, quoique pris, repris et incendié. Les fusiliers en restérent les maitres toute la journée. Le calme étant un peu rétabli chez les soldats qui étaient derriére la ligne de grenadiers, le maréchal Bessiéres vint les prendre et, les rassurant, leur dit : « Je vais vous mener en tirailleurs, et je serai comme vous å pied, » Tous ces soldats partent avec ce bon général. Il les fait mettre sur un rang, å portée de fusil des