ETAT DES LETTRES, ABTS, SCIENCES, EN EUROPE.
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Dans la littérature proprement dite, la langue franjaise, qui a Chateaubriand, J. de Maistre et Mme de Stael, ne peut lutter cependant avec l’AUemagne et l’Angleterre. En Angleterre, pour ne citer que les traits dominants, l’éloquence politique est å son apogée, avec Fox, Shéridan, Pitt, Burke; d’autropart, lapoésie, suivant la voie que vient d’ouvrir Cowper ou reprenant en partie la tradition, shakespearienne, se re-nouvelle avec Wordsworth, Grabbe, Southey, et surtout Byron, que son Pele-rinage de Child Harold (1811) place déjå, au premier rang des poétes de son temps. En. AUemagne, jamais la littérature n’avait jeté un aussi vif éclat; le com-
Fig. 236. — Monument de la reine Louise de Prasse, å. Berlin. Sculpture de Rauch.
mencement du dix-neuviéme siéole est sa période classique. Klopstock et quelques autres survivants des premieres luttes qui ont fondé la littérature nouvelle, assistent aux triomphes incontestés de la génération qui les suit et que dominent les noms des deux rivaux et amis Gæthe et Schiller.
C’est aussi 1’AUemagne qui occupe alors le premier rang pour la philosophie : Kant, le nouveau Descartes, a relevé le drapeau de la métaphysique et du spiritualisme, qui n’avait jamais été complétement abandonné, méme en France, au dix-huitiéme siécle, quoiqu’il eüt semblé reculer devant des doctrines plus bruyantes. Il peut mourir avec la consolation de voir la grande tradition philosophique renouée. Schelling, Hégel, Fichte sont déjå, célébres dans les universités. Bientot, ces doctrines vont se répandre en Europe et faire paraitre bien’påles les travaux honorables, mais un peu vulgaires, de l’école psychologique des philosophes écossais, qu’il y aurait cependant injustice å