Napoleon 1er Et Son Temps
Forfatter: Roger Peyre
År: 1888
Sider: 885
UDK: 910
Editor Firmin-Didot et Cie
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NAPOLEON Ier.
téraires exposées dans le Génie du christianisme, publia, en 1809, son poéme épique en prose des Martyrs. Malgré des beautés de premier ordre, malgré le talent avec lequel semblent ressusciter devant nous, dans leurs aspects profondément divers, le monde barbare, le monde grec et la société chrétienne, cette æuvre considérable est aujour-d’hui beaucoup plus citée que lue; elle est beaucoup moins lue en tous cas que le charmant récit : le Dernier des Abencerages. Les Natchez sont justement oubliés; mais Vltinéraire de Paris å Jerusalem (1811), par l’éclat et la variété des sites qu’il pré-sentait å des esprits trop habitués å s’en. tenir å leur milieu habituel, a eu une influence des plus grandes et des plus heureuses sur la littérature et Fart de son temps. Il ne nous appartient pas de suivre, au delä de 1814, la carriére littéraire ou politique de l’homme qui devait mourir en 1848, assistant déja, sans s’en rendre compte, å l’af-faiblissement de sa gloire.
Mnie de Stael, écrivain moins original pour la forme que Chateaubriand, avec un style moins brillant et moins riche, mais plus ferme, devait avoir une influence plus durable. Dans les æuvres d’imagination, malgré Delphine, et méme malgré Corinne, elle reste peut-étre inférieure ä l’auteur de René. Mais elle a répandu et provoqué un bien plus grand nombre d’idées, et ici, c’est la femme qui a certainement le plus de puissance d’esprit. Si l’on voulait indiquer la qualité maitresse d’un talent qui a touché ä tant de sujets divers, on s’arréterait å l’éloquence. C’est lå ce qui brille surtout méme dans ses romans. C’est å cette éloquence jointe å cette sensibilité généreuse qui s’é-meut devant tout ce qui est grand, comme devant tout ce qui mérite de la pitié, qu’elle doit eet enthousiasme communicatif qui aiiime tant de belles pages. Elle nous avait fait connaitre l’Italie par Corinne; son livre De l’Allemagne ouvrait ä notre littérature une nouvelle source d’inspiration; c’était assez pour sa gloire, mais ce ne sont pas lå ses seuls titres. On a pu relever des erreurs de détails dans l’ouvrage intitulé De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, mais nous n’avions jusque-lå aucun livre de cette portée sur la critique littéraire. Elle y montre une liberté d’esprit capable d’analyser et de juger des faits contemporains comme le ferait la pos-térité. On y sent presque partout le regret de ne pouvoir, ä cause de son sexe, agir plus directement sur'les événements de son temps. Mais si la tribune politique lui est in-terdite, la plume lui reste. Sans parler de ses nombreux opuscules de circonstance, ses Considérations sur la Révolution franpaise, malgré leur partialité, sont un des ou-vrages politiques les plus profonds et les plus fermement écrits qui aient été consacrés ä cette période de notre histoire.
Chateaubriand et M,ne de Stael, divisés sur bien des points, ont, comme on l’a remarqué, deux caractéres commuus qui expliquent que la postérité les ait réunis dans son admiration pour les placer tous deux ä l’entrée d’un nouveau siécle littéraire : leur sentiment religieux et son influence régénératrice sur les åmes, d’autre part l’indé-pendance littéraire. Nous passerens rapidement sur leurs contemporains.
Les plus dignes d’attention avaient déjå donné, avant 1800, la mesure de leur talent. Nous ne parions pas de Bernard in de Saint-Pierre, qui vécut jusqu’en 1814, mais sans rien publier. Delille (1738-1813) n’ajoutait rien å la gloire éphémére du