ForsideBøgerNapoleon 1er Et Son Temps

Napoleon 1er Et Son Temps

Forfatter: Roger Peyre

År: 1888

Sider: 885

UDK: 910

Editor Firmin-Didot et Cie

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600 NAPOLEON I8'. « La solitude, y lisait-on, est pour mon äme ce que les cheveux de Samson étaient pour sa force corporelle. Oui, mon ami, j’ai épousé le désert, comme le doge de 'Venise épousait la la mer Adriatique; j’ai jeté mon anneau dans les forets. » Et ailleurs : « Mon pére était un honime rare et digne du temps des patriarclies. C’est lui qui, par son sang et ses exemples, a transmis å mon åme ses principaux traits et ses maitresses formes. Aussi, je remercie Dieu de m’avoir donné un tel pére. Il n’y a pas de jour ou je ne pense å lui, et, quand je ne suis pas trop mécontent de moi-méme, il m’arrive quelquefois de me dire : « Es-tu content, mon pére? » Il me semble alois qu'un signe de sa venerable tete me répond et me sert de prix. » De pareils passages ne valent-ils pas les plus beaux vers de l’auteur <1 Abufar? Aprés Ducis et Chénier nous pouvons citer Népomucéne Lemercier pour son Agamemnon, Arnault pour Blanche et Montcassin ou les Vénitwns (1795). Le Tippo-Sahib, de Jouy, mérite d’étre rappelé, du moins ä oause du sujet. Mais le plus grand succes tragique de ce temps fut obtenu par les Templiers (1) de Raynouard (1805). Napoléon aurait voulu que son régne vit paraitre de belles tragédies. « La haute tragédie, disait-il un jour å Saint-Cloud, est l’école des grands bommes. C’est le devoir des souverains de l’encourager et de la répandre. La tragédie échauffe l ame, éléve le cæur, peutet doit créer des héros. Sons ce rapport, peut-étre, la France doit å, Corneille une partie de ses belles actions. Aussi, Messieurs, s’il avait vécu de mon temps, je l’aurais fait prince. » Mais le génie ne se décrete pas. Non settlement dans les tristes loisirs de Sainte-Héléne, mais au milieu méme de son régne, il aimait ä parier de théåtre, å discuter la composition, lestyle des piéces et le jeu des acteurs. Il avait dit å G æthe, dans la conversation qu’il eut avec lui: « Je m’étonne qu’un homme comme vons n’aime pas les genres tranchés. » Cependant il trouvait qu il y avait souvent un grand vide dans la tragédie fran§aise.« Aussi, disait-il, la tragédie sur notre théåtre, sauf quel-ques rares essais, est demeurée grecque et romaine. Ce vide, cl’oü vient-il? de 1’absence compléte d’une pensée supérieure ä l’action dramatique, ou, si vons aimez mieux, d’un ressort caché qui fasse tout mouvoir. Les anciens avaient la fatalité. Chez nous, au contraire, il y a une séparation compléte entre le théåtre et la religion. Il faut donc chercher ailleurs; å défaut de la religion, qu’on ait recours å la politique. Oui, dans le drame moderne la politique doit remplacer la fatalité. » Cette esthétique théåtrale, il l’appliquait de la fajon la plus curieuse aux piéces dont il s’occupait. Son jugement sur les Templiers en est un exemple caractéristique que nous alions resumer. « Cette piéce, disait-il, m’a paru tres froide parce que rien ne vient du cæur et n’y va. L’auteur, oubliant que le véritable objet d’une tragédie était d’éniouvoir, s’est trop occupé d’avoir une opinion sur un fait qui sera toujours enveloppé de ténébres. L’entiére innocence et l’entiére perversité des Templiers est également incroyable. Le caractére de Philippe le Bel, prince insolent, emporté dans toutes ses passions, absolu dans toutes ses volontés, implacable dans ses ressen- (1) La demiére scéne des Templiers a servi de modéle & Scribe, dans le dernieracte des Iluguenots dont Meyerbeer a tiré une de ses plus dramatiques inspirations. Rappelons que dans le méme opéra la celebre scéne de la bénédiction des poignards est imitée du Charles VI de Joseph Chénier.