Napoleon 1er Et Son Temps
Forfatter: Roger Peyre
År: 1888
Sider: 885
UDK: 910
Editor Firmin-Didot et Cie
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G02
NAPOLEON Ier.
Mais comment Napoléon espérait-il que la tragedie politique püt se développer sous son regne, lorsque le moindre passage donnant prise ä une allusion, ä laquelle l’auteur lui-méme était loin de penser, suffisait pour faire interdire une piéce? Un fait montrera å quel point, je ne dis pas la police imperiale, mais Napoléon lui-méme, poussait la susceptibilité sur ce point. Aprés avoir fait representer au théåtre de la cour la tragédie les Etats de Blois de Raynouard, qui lui avait paru inoffensive a la leeture, il en interdit la représentation å Paris, se plaignant ä la fois des éloges pro-digués aux Bourbons et des diatribes contre les révolutionnaires. « Raynouard a été faire du chef des Seizc le capucin Chabot de la Convention. Il y a dans cette piéce pour tous les partis, pour toutes les passions; si je la laissais donner ä Paris, on pourrait venir m’apprendre que cinquante personnes se sont égorgées dans le parterre. De plus l’auteur a fait de Henri IV un vrai Philinte et du duc de Gnise un Figaro, ce qui est trop choquant en histoire. Le duc de G-uise était un des plus grands personnages de son temps, avec des qualités et des talents supérieurs et auquel il ne manqua que d’oser pour commencer des lors la quatriéme dynastie. De plus, c’est wn parent de l’Impératrice, un prince de la maison. d’Autriche avec qui nous sømmes en amitié, dont l’ambassadeur etait présent ce soir a la représenta-tion. L’auteur a plus d’une fois étrangement méconmi toutes les convenances (1). »■
Pendant que la tragédie classique, malgré la protection du pouvoir, se soutenait pémblement, la comédie larmoyante de La Chaussee et la tragédie bourgeoise de Diderot étaient devenues le drame puis le mélodrame, et, sous cette derniére forme, ob-tenaient auprésdu peuple un succes croissant. Guilbert de Pixébécourt déployait, dans ses trois cents piéces, une puissance et une fécondité d’imagination, une habilete scénique qui sufflraient ä rendre illustre un auteur espagnol. Mais on est plus difficile en France, et ces qualités n’ont pu lui faire pardonner son absence de gout, sa fai-blesse dans la peinture des caractéres et la déelamation trop souvent plate et incor-recte de son style. Il n’en mérita pas moins d’étre appelé le Corneille et le Shakespeare des boulevards. Il n’était pas seul å cultiver ce genre; panni les grands succes du temps, il faut citer VAbbé de l’Épée, de Bouilly (1805).
Le vaudeville était le rival du drame dans la faveur populaire. L on se pressait pour entendre les æuvres légéres de Moreau, de Kochelle, de Rougemont, de Brazier, de Désaugiers surtout, dont les Petites Danaides avaient six cents repré-sentations et la Chatte merveilleuse quatre cents. Sans parler de ces piéces ä spectacles, Désaugiers, soit seul, soit en collaboration, a compose plus de cent petites piéces, telles que M. Vautour, le Diner de Madelon, etc., ou il petit déployer la verve aimable et la bonhomie railleuse qui faisaient de lui le meilleur de nos chansonniers. Mais déjå, ä la fin de l’Empire, et par l’appui généreux de Désaugiers lui-méme, commen$ait
renommée devait étre autrement durable, Villemain, inaugurait, en 1812, ses victoires académiques en obtenant le prix de 1’Académie fran?aise pour son éloge de Montaigne.
(1) On saft que la maison de Guise était une branche cadette de la maison de Lorraine, dont la branche ainée était devenue souveraine dans les Etats autrichiens par le mariage de Fran<;ois de Lorraine avec Marie-Thérése, en 1736. Le serupule était poussé un peu loin. Il est douteux que l’ambassadeur d’Autriche eüt été aussi susceptible.