VAUDEVILLE, DÉSAUGIERS. — COMÉDIE, PICARD, ÉTIENNE. G03
å se faire connattre le poéte qui devait bientöt éclipser tous les autres chansonniers.
Béranger composait, en 1813, fo Roi d’Yvetot. Chose singuliére, ce chantre attitré des gloires imperiales, celui qui a, plus que personne, contribué å créer et ä entretenir dans l’esprit dü peuple la légende napoléonienne, débutait par une satire contre ce regime qu’il devait glorifier. Cette attaque était bien détournée sans doute, et il fal-lait qu’elle fut bien délicate pour que la censure Petit laissée passer, Mais les allu-
Fig. 249. — La visite.
sions par contraste n’échappaient å personne. Certes, c’était un souverain bien different du grand Empereur que ce bonhomme de roi
Qui n’agrandit pas ses Etats,
Fut un voisin commode,
et qui, tandis que la France était accablée de contributions,
Sur chaque muid levait un pot
D’impöt.
Béranger devait se contenter de la gloire de chansonnier (1). Mais elle ne suffit pas
(1) Il serait intéressant d’étudierles chansons populaires du temps et surtout les chansons militaires, et de faire voir comment ces ébauches naives, ces petites épopées populaires se transforment, å me-sure qu’on les chante, et finissent quelquefois par devenir, en perdant, il est vrai, de leur caractére simple, de véritables æuvres d’art. Il est facile de reconnaitre l’origine de la célébre chanson de Béranger, le Vieux Caporal, dans la complainte :
Lå-bas, dans les prés verts,
J’ai tué mon capitaine.