Napoleon 1er Et Son Temps
Forfatter: Roger Peyre
År: 1888
Sider: 885
UDK: 910
Editor Firmin-Didot et Cie
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NAPOLEON I°r.
d’honneur, le brevet de direoteur de la chapelle impériale, et tme tabatiére d’or avec ces mots gravés :« L’Empereur Napoléon ä l’auteur des Bardes. » Napoléon savait que Lesueur n’était pas riche; la tabatiére contenait 20.000 francs en billets de banque (1). L’estime de Napoléon pourjes Bardes n’était pas exagérée, et l’on s’étonne qu’un musici® du génie de Lesueur n’ait pas eu une renommée plus populaire. C’est encore Napoléon. qui, sur la recommandation de Joséphine, obligea l’Opéra ä joner la Vestale de Spontini (1807), la seule æuvre jouée ä l’Opéra, pendant l’Empire, qui puisse étre comparée aux Bardes. Les chanteurs de l’Opéra se refusaient å joner une musique im-possible. On peut voir, dans les Soirées de l’orchestre de Berlioz, comment, lorsqu’ils eurent vaincu les premieres difficultés, la malveillan.ee fit peu å pen place å l’enthou-siasme. Le public donna raison å l’Empereur, et cette musique nouvelle obtint un succes éclatant. Un des prix décennaux lui fut justement décerné. Fernand Cortes, dont les paroles étaient également de Jouy, n’eut pas moins de succes deux ans aprés (1809).
Aprés les Bardes, la Vestale et Fernand Cort'es, les opéras les plus remarquables de cetemps farent : Anacréon (1803), les Abencerrages (1813), Astyanax, Artstippe, la Mort d'Abel, du violoniste Kkeützer. IC Adrien de Méhul (1799), le Triomphe de Trajan de Persuis, furent des opéras d’allusion et de circonstance, comme le Bayard a Mézieres de Chérubini (1813).
Napoléon voulait qu’on introduisit sur notre premiére scene lyrique les æuvres récentes dont onparlait å l’étranger. Les My støres d’Isis, la Flute enchantée de Mozart furent représentés en 1802, Don Juan, en 1805. Il estvrai que ces deux piéces furent défigurées par des remaniements. Cependarib, l’Opéra se soutenait avec peine. Napo-léon s’en inquiétait méme pendant la Campagne de Kussie. Apprenant ä Moscou la chute éclatante de deux ouvrages qu’on y avait représentés, il écrivait au ministre de l’intérieur : « Voulez-vous que la postérité puisse dire que les arts out dégénéré sous mon regne ? Vous étes chargé des beaux-arts, c’est ä vous de surveiller cela. Comment se fait-il que la représentation de ces deux ouvrages ait été autorisée ? vous ne devez laisser paraitre å l’Académie impériale de musique que des æuvres dignes de notre premiere scene lyrique. »
L’opéra-comique donne de notre musique une idée beaucoup plus compléte que l’opéra : c’est que, en dépit de son titre, l’opéra-comique a déjå toutes les formes, exprime alors toutes les passions, tons les sentiments et a tous les caractéres.
On y trouve la comédie å ariettes ä coté du large et puissant développement orchestral d’un Chérubini et d’un Lesueur; des fantaisies d’une verve bouffonne ä coté d’æuvresbrillantes,passionnées,profondémentdramatiques; ony trouve méme jusqu’å 1’inspiration, religieuse la plus haute, car le Joseph de Méhul est plutöt un oratorio qu’un opéra-comique. A part Spontini, qui cependant avait débuté par l’opéra-comique de Milton, qui contient plus d’une belle page, et Lesueur, qui n’a plus reparu å l’Opéra-Comique depuis Paul et Virginie (1794), les æuvres les plus connues des grands mu-siciens fran?ais de ce temps out été exécutées :i Feydeau. Les créateurs de l’opéra-
(1) Voir 1’Eloge de Lesueur, par Raoul Rochette.