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NAPOLEON Ier.
négociations avec la ville de Paris, au sujet de la cession des båtiments abandonnés de l’ancien couvent de Bon-Secours, dans la rue de Charonne, ils envahissent presque de force l’édifice qu’on leur fait trop attendre et y installent leurs ouvriers. L’affaire fait grand biuit. Le Premier Consul se rend rue Charonne; maisil admire l’activité qui regne dans ces ateliers, il approuve ce qui a été fait et donne aux deux associés l’an-cien couvent de Trénelle, situé en face de celui de Bon-Secours.
Richard-Lenoir réussissait si bien dans sa fabrication, qu’on prenait ses pro-duits pour de véritables marchandises anglaises; il fit plus, il essaya la culture du coton, il en sema des graines dans le royaume de Naples, et il obtint de ses plan-tations, en 1806, 25 milliers de kilogrammes. Malheureusement les droits élevés im-posés å l’entrée des cotons, méme de ceux venant de Naples, portérent un coup fu-neste å son Industrie. Richard métamoiphosa ses filatures de coton en filatures de laine; Napoléon lui fit avancer par le Trésor quinze cent mille francs; il avait décoré la Legion d’honneur eet illustre créateur de quarante filatures et d’un plus grand nombre encore d’ateliers de tissage.
Mollien, qui, lorsqu’il fut destitué de sa charge de directeur des Domaines, en 1792, était entré dans le coinmerce, avait pris intérét dans une filature de coton, et un des premiers introduisit en France les procédés inécaniques de cette Industrie, connue en Angleterre depuis une quarantaine d’années. Mais une Industrie dont Napoléon désirait avant tout la création en France, c’était la filature méca-nique du lin. Le coton était un produit qu’on ne pouvait espérer accli-niater en France et que la lutte persistante avec l’Angleterre empé-cliait de plus en plus d’arriver dans nos ports. Le lin, au contraire, était un produit indigéne. Napoléon comptait en encourager le pluspos-sible la culture. Mais cette Industrie, pensait-il, ne devait étre en état de lutter avec celle du coton que lorsque, comme elle, elle serait pourvue des meines forces inécaniques. Or, jamais encore on n’avait réussi å filer mécaniquement le lin. Quel succes contre 1’Angleterre si on arrivait sur le continent å cette découverte!
Napoléon proposa un prix d’un million pour l’inventeur, de quelque nation qu’il fut, de la meilleure machine å filer le lin : un bomme de génie qui n’en était pas å sa premiére invention, Philippe de Gibaed, résolut le probléme dés 1810. Mais, comme la plupart des grands in-venteurs, il n’avait pas l’esprit des affaires. Les fabriques qu’il établit, rue de Vendome et rue de Charenton, pour appliquer industrielle-