BATAILLE DE LA MOSKOVA OU DE BORODINO.
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Le combat se renouvela avec fureur; mais l’acharnement des Russes échoua contre la froide intrépidité de nos bataillons; les redans restérent en notre pouvoir. Alors Kutusof ramena et concentra toutes ses troupes pour un dernier effort. On prévint son attaque en se jetant sur la gauche de la redoute; les cuirassiers de Caulaincourt y entrérent par la gorge, et les fantassins de Lanabére en escaladant les parapets; les deux généraux y furent tués; la redoute fut prise, mais il était temps; les masses enne-mies se précipitaient une troisiéme fois sur Semenofskoi. Le choc fut effroyable, tout
Fig. 304. — Incendie de Moscou. Lithographie d’aprés le dessin de Bader d’Albe.
se croisa, se méla, s’écrasa au milieu des détonations de huit cents piéces de canon; enfin Davout et Ney enfoncérent la gauche des Russes, qui se retirérent sur la Mos-kova. (Lavallée.)
Il était trois heures et demie. Pendant toute la journée, Napoléon, qui avait conju un si beau plan, était resté morne, affaissé, en proie ä des souffrances physiques qu'il ne pouvait plus cacher, répondant languissamment aux questions et ne faisant que des gestes de résignation en apprenant la mort de ses meilleurs généraux. Cette indéci-sion avait empéché de gagner la bataille des onze heures du matin, ou au moins ä deux heures. Si la garde eut donné alors, comme Belliard, Murat, Ncy le supplient å plu-sieurs reprises de le faire, comme toute l’armée le demande, les Busses étaient perdus, on avait un nouvel Austerlitz. Mais Napoléon, avec une timidité qu’on ne lui connaissait pas, répondait : « S’ily a une seconde bataille, avec quoi la livrerai-je ? » Cependant le
NAPOLÉON Ier. 90